The Frame a le mérite de proposer une vision originale, de mettre en scène une idée, un malaise, auquel tous les auteurs ont un jour pensé. Mon personnage vit-il au delà de moi, au delà de mon script, de mon roman. Et si oui, suis-je moi-même un personnage.
Les deux principaux du film ont leur histoire, mais chacun regarde, à la télévision, l'histoire de l'autre. Il y a de quoi penser, de quoi se creuser la tête. D'autant que The Frame n'est pas particulièrement prolixe en ce qui concerne les détails du pourquoi du comment. Libre à nous, sûrement, de nous faire notre idée.
C'est un peu là que ça pèche. Parce que tout cela est extrêmement flou. Et que de laisser au spectateur toutes les pistes ouvertes, c'est aussi ne pas vraiment creuser le sujet.
C'est surtout le dernier acte qui laisse pantois (ou qui subjugue), lorsque l'un de ces personnages découvre qu'il peut changer la vie de l'autre en modifiant, littéralement, le script de son histoire. C'est à dire qu'il rature et corrige, en direct, ce qu'il s'y passe. Et que nous, spectateurs, nous voyons, sur notre écran, dans le cadre, les événements changer, s'adapter.
Elle tente de le sauver, mais le script, qui continue de s'écrire seul, semble le conduire à la mort. Dans un acte désespéré, elle brûle alors le script, mettant en pause le monde de son amour derrière l'écran. Une voiture fonce vers elle et tout semble fini...
Mais ce n'est pas fini parce que ce personnage désormais seul dans un monde gris où plus personne ne vit, ce personnage, vivant malgré tout (il y a là un parti pris qui m'a surpris), veut s'échapper, et finit par y parvenir.
Tout juste arrivé dans le monde de son amour à lui, on découvre que la voiture qui s'apprêtait à écraser la jeune fille s'arrête brusquement, comme si quelqu'un avait décidé lui aussi de laisser la vie sauve à son personnage...
Serait-ce le scénariste lui même ?
Des questions nous en avons toujours, et The Frame ne compte pas y répondre. Pour certains c'est le signe du génie et pour d'autres dont je fais partie tout cela laisse un léger goût d'inachevé.
C'est dommage on n'est pas loin d'un excellent film.