Attention, cette critique contient des spoilers.
Pour son troisième film, Jamin Winans (révélé par Ink) à choisi une idée de départ assez astucieuse : Et si l'on était nous même un personnage de série sans le savoir ? Et si le personnage principal de notre série préféré était dans le même cas ? Il ajoute à cela une autre idée très prometteuse : Que ce passera t-il si l'une de ces deux séries s'arrête ? Bref, il avait toutes les cartes en main.
Et le début se passe plutôt bien, on s'attache suffisamment à ces deux personnes pour s’intéresser à ce qui va leur arriver (même si le côté romance n'est pas très convaincant), et ce malgré tous les poncifs inhérents aux séries télé présents dans le film, et dont on ne sait pas toujours si ils sont volontaire ou non.
Il est également dommage de noter que le réalisateur ne joue pas avec ces poncifs, qu'il ne s'amuse pas à les mettre en place pour finalement les déconstruire petit à petit, de sorte à ce que tout les repères (ceux des personnages comme ceux des spectateurs) partent en éclat dès l'élément perturbateur (soit la "rencontre" entre les deux protagonistes). Prenons par exemple Lynch (que j'ai vu cité plusieurs fois sur la page du film), dans Blue velvet il met en place une banlieue complétement clichée et aseptisée mieux faire plonger le spectateur dans un monde complétement dingue et bizarre. Mais ici, pas grand chose, un toit se met à "fondre", l'un des personnages découvre des étranges barils, un étrange individu en haillons apparaît... En rajouter plus plus tôt aurait été préférable.
Le réalisateur a aussi la fausse bonne idée de briser le quatrième mur à plusieurs reprises, dispositif qui peut s'avérer astucieux mais qui est ici complétement pompeux, et à la limite du ridicule lorsque l'on se rend compte que les deux séries sont réalisés par... Double Edge film, soit les producteurs du film. Un clin d'oeil assez malhabile qui sort du film plus d'une fois.
Et puis vient la "seconde partie" du film. Si l'on pouvait reprocher au réalisateur de ne pas en faire assez au début, ici il en fait indéniablement trop. Le film part alors dans tout les sens, pour du bon et du moins bon. Dans la catégorie "bon", on peut ranger quelques idées, comme celle de faire "fondre" les choses effacées d'une des deux série, ou bien le fait que le personnage principal revoie en boucle la série de l'autre personnage sur sa télé. On peut aussi saluer quelques trouvailles visuelles, comme cette tour au loin, ou bien l'individu couvert de haillons mentionné plus haut...
Du côté du moins bon par contre, il y a plusieurs choses à dire,la première étant que le film semble tourner en roue libre. Beaucoup de choses sont ajoutées pêle-mêle mais sans aucune justification. Alors le but du film n'est pas de tout nous expliquer, certes, une part de mystère est gardée et c'est très bien, mais trop c'est trop. Le film part dans tous les sens sans que l'on sage précisément où il veut en venir. Il lorgne du côté du délire méta qui aurait pu sembler une bonne idée mais qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui se révèle d'une lourdeur handicapante, voire même très "m'as-tu vu". Pis, on se sent presque mise à la touche, pas assez impliqué, avec l'étrange impression que tout cela ne nous concerne même pas, que c'est juste un gros délire du réalisateur/scénariste. Et à cela s'ajoutent des facilités scénaristiques assez gênantes et une fin beaucoup trop brusque, sous forme de Deux Ex Machina extrêmement bizarre.
Pour finir, un mot sur la réalisation, qui est très correcte, et sur la mise en scène très propre dans l'ensemble. Par contre, si la photo est plutôt efficace pour instaurer l'ambiance du film, son côté très lisse peu rebuter (même si sur ce point là, ça passe ou ça casse).
Donc un film très bancal dans l'ensemble. Certaines idées sont bonnes et son postulat de base est bien trouvé, mais il se perd dans sa seconde partie très foutraque. Pas mauvais mais pas très bon non plus.