Quand on va voir un film de Wes Anderson, certaines attentes sont de mise : décors sublimes, casting cinq étoiles, humour particulier, et mise en scène immédiatement reconnaissable. Alors autant dire que The French Dispatch ne surprend pas sur ce plan, tant tout semble irrigué par le cinéma de Wes Anderson. Ce qui surprend en revanche, c'est que tous ces tics semblent étirés à l'extrême, jusqu'à l'autoparodie. Anderson, du peu que j'en ai vu, semble amateur de digressions, mais ici le film semble n'avoir plus de sujet, puisqu'il s'agit de trois segments sans lien aucun, si ce n'est le journal qui les publie, The French Dispatch donc, et la ville où ils ont lieu, un patelin français sobrement nommé Ennui sur Blasé. On a donc l'impression d'avoir assisté à trois films de qualités inégales : le premier segment m'a perdu très rapidement, le troisième est sympathique sans plus, et le deuxième serait probablement un de mes films de l'année s'il était seul. Toutes les qualités se trouvent dans ce dernier, puisqu'il réussit à rendre les années 60 en France tant sur le fond (les révoltes étudiantes) que sur la forme (j'ai noté une citation de La Maman et la Putain, d'Eustache), avec un sens du détail fort, c'est là qu'il brise son dispositif de mise en scène, c'est là qu'il réussit à créer de l'impact émotionnel (exception faite de l'ultime scène de la partie 3) avec un Timothée Chalamet en révolte inutile, c'est là dessus que repose le film. Dommage que ça ne soit qu'un tiers... En un mot, The French Dispatch est profondément inégal, et c'est bien dommage car il y avait du potentiel. Bon.