Réalisateur au style ultra affirmé, adulé par certains, méprisé par d'autres, Wes Anderson ne semble pas se soucier des critiques qui lui reprochent de rester prisonnier de son esthétique, quitte à verser dans la caricature. Il le prouve dans ce dernier film, sans surprises mais toujours aussi savoureux pour peu que l'on ne soit pas allergique au style du réalisateur.
Ambiance surannée, montage et cadrage au cordeau, dialogues travaillés aux sonorités délicieusement désuètes, on est là en terrain connu, au risque de s'y embourber. Dans ce paysage à l'accent très frenchy, se croisent toute une galerie de personnages incarnés par la fine fleur du cinéma international et Lea Seydoux. Une mise en scène léchée, mais qui ne surprend plus personne depuis déjà pas loin de dix ans. Anderson joue parfois sur les plates-bandes d'un Tati, le temps d'un sketch rythmé et burlesque, sorte d'avant-bouche au menu qui va se dérouler lors des 90 prochaines minutes.
Plus qu'un scénario, The French dispatch propose une succession de court-métrages, qui représentent les différents articles du journal éponyme. Bien sûr, comme dans tout recueil de nouvelles, la qualité est inégale. Il est d'ailleurs dommage que celle-ci aille decrescendo.
La première partie est sans conteste la plus intéressante, dans sa représentation féroce et cynique du monde de l'art. Le segment suivant, clin d'œil appuyé à mai 68 et à l'intellectualisme révolutionnaire, manque un peu de souffle, malgré les prestations étincelantes de Frances McDormand et Timothée Chalamet. La dernière partie est peut-être la plus décevante, avec sa partie en animation qui repoussera ou enchantera les spectateurs selon leur goût.
Difficile, au final, d'évaluer ce film, tour à tour hilarant et banal, superbe et classique, éclatant et convenu. Wes Anderson fait du Wes Anderson à fond, au risque de lasser. On retrouve toujours avec plaisir sa marque de fabrique, malgré le manque de surprise et des tics qui peuvent rebuter. A réserver aux amateurs, forcément...