Une histoire cousue de fils blancs comme la démocratie américaine nous en a déjà mis toute une collection sous la dent, mais honnêtement menée jusqu'à une fin assez convenue. Voilà pour faire bref. Je passe sur les comédiens, à leur place, sans grande chance pour l'Oscar. Je passe aussi sur les chapitres sur la presse, le puritanisme, le voyeurisme, la morale en politique, les épouses trompées, les filles lesbiennes et tout le tralala, parce que, là encore, rien de neuf au sommaire. Finalement, on se demande pourquoi se lancer dans la production d'une histoire aussi balisée. En Europe, il y a 20 ans, ça aurait fait pshit. Hélas, aujourd'hui, on peut craindre que nos contemporains auraient des réactions tout aussi bêtes que les étasuniens de 1988. N'épiloguons pas. Par contre, j'ai trouvé là une démonstration assez convaincante de la corrélation coupable entre morale et bellicisme. Je m'explique : le dérapage regrettable du candidat démocrate à l'élection de 88 a ouvert la voie à Bush, premier du nom, dont le bilan ne trouvera pas grand monde pour le défendre de ce côté du monde. Si les électeurs avaient été à peine moins braqués sur les histoires de braguette (aussi navrantes soient-elles), on aurait peut-être eu une chance d'échapper au Koweit, à l'Irak, et à toutes ces interventions militaires qui ont depuis émaillé l'histoire de la plus grande démocratie au monde. D'où ce lien a priori un peu étonnant entre moralité stricte et indulgence envers les politiques mortifères, mais qui prend sens quand on suit cette histoire qui était une sorte de répétition du Monicagate. Moralité, pour éradiquer la guerre dans le monde, cultivons la permissivité morale. J'exagère peut-être un peu, mais le lien semble établi directement par le scénario entre répression des mœurs et violence politique. Intéressant, donc.