Twist a game

C'est vraiment très difficile de mettre une note à The Game puisque tout dépendra ou presque de la propension que chacun aura à évaluer la vraisemblance de son scénario...

Car effectivement, tout tient selon moi en une seule question : des tests et des questionnaires, aussi poussés soient-ils, et analysés par des hommes aussi géniaux soient-ils, peuvent-ils permettre d'anticiper chaque action, chaque pensée, au millimètre près et à la synapse près d'un homme ?
Personnellement, je ne le crois pas. Surtout qu'un seul jour de tests, ça me paraît trop peu pour en arriver là... Pour en arriver à mettre à ce point en péril la vie - ou du moins la santé - d'un client semi-milliardaire en tout cas (les poubelles, le taxi, etc.). Difficile également de ne pas SPOILER pour parler de ce film, alors allez-vous-en si vous ne l'avez pas vu ! :)

L'organisation de la CRS serait donc balèze au point de rendre fou un mec en le poussant au suicide au bon moment, et pas avant ? Et, encore plus fort, la direction que prendra au degré près la "victime" (brillant Michael Douglas) avant de se jeter dans le vide ? Pour se fracasser contre un toit de verre et sortir indemne . Non, franchement, autant jusqu'à ce dernier saut de l'ange (que j'aurais préféré voir mortel) ça pouvait encore passer (malgré quelques trucs assez osés - la télé notamment - et grâce aux explications de l'ex-serveuse sur le toit), autant ce deuxième twist c'est vraiment n'importe quoi... Quant à la réaction finale du piégé : wow ! Quelle rapidité de résilience ! Moi qui étais parti sur un petit 8/10 avant cette folle pirouette, j'ai dû tout revoir à la baisse...

Parce que clairement, avant d'en arriver là, The Game reste quand même un film de qualité. Déjà, la photographie d'une classe folle des bâtiments bourgeois de San Fransisco, au milieu de ses rues sombres et inquiétantes, communique efficacement le sentiment paranoïaque grandissant de ce riche loup solitaire, arrogant et blasé. Mais surtout, le pitch assez génial offre une intrigue immédiate permettant de ne jamais décrocher, bien au contraire... Et même quelques moments de grâce, comme lorsque son frère (Sean Penn) lui/nous retourne le cerveau, comme l'arrivée dans la salle des comédiens, ou encore comme le coup de feu final...

Mais voilà, il me semble que David Fincher, à vouloir trop en faire, manque le coche avec ce thriller maladroit collé entre les deux monstres cinématographiques que sont Seven et Fight Club. Dommage.

6,5/10