Attention, je spoile sans scrupule et sans pitié. Vous voilà prévenus... Mais pour ce qu'il y a à spoiler, ce n'est pas forcément très grave !
Pour son anniversaire, le millionnaire Nicholas von Orton (Michael Douglas) se voit offrir un cadeau assez original par son petit frère Conrad (Sean Penn), ancien drogué qu’il vient de retrouver. En effet, Conrad lui propose de participer à un jeu organisé par la mystérieuse société CRS. Un jeu auquel on s’inscrit sans en connaître aucune des modalités…
Ce n'est pas un secret, j'ai du mal avec Fincher. Le type a un vrai talent, mais il le plombe toujours par son goût pour les atmosphères crapoteuses et glauquissimes (cf le très éprouvant Seven, qui s'en tire tout de même honorablement) sinon par un twist aussi incohérent que possible (cf. l’ignoble Fight Club)...
Débutant comme un thriller honnête s’attachant à un personnage se trouvant plongé malgré lui au cœur d’une immense machination, The Game laisse espérer le meilleur durant sa première heure, tirant plus du côté de Seven que de Fight Club, d’autant que David Fincher, met justement de côté toute sa complaisance habituelle pour l’abject. C’est donc avec un réel intérêt qu’on suit Michael Douglas dans ces péripéties intrigantes et accrocheuses, même si l’acteur, très attachant, joue un personnage qui ne l’est en aucune manière… Malgré le manque d’humanité des personnages et malgré l’hideuse partition composée par Howard Shore, on s’accroche donc tant bien que mal au récit pour enfin tenter de comprendre la raison des manipulations dont est victime le pauvre (et c'est une manière de parler !) Nicholas von Orton.
Mais voilà que dans sa deuxième heure, le film s’enlise, et à force de vouloir trop en faire, multiplie les fausses pistes de manière à noyer un spectateur qui sent alors venir les incohérences fatales à plein nez. Et de ce point de vue-là, je dois dire que je n'ai pas été déçu… Il faut dire que Fincher et ses scénaristes se sont surpassés pour nous offrir un des twists les plus profondément débiles de l’histoire du cinéma, à côté duquel le twist foireux d’un Shyamalan dans Sixième sens passerait pour une merveille de cohérence. En fait, c’est bien simple : rien ne tient debout dans ce film. Pire, les quelques éléments intéressants, voire captivants, qui avaient intrigué le spectateur de bonne volonté que j'étais au début du film, sont balayés d’un simple revers de la main par cette révélation dont on a peine à croire à la réalité, tant sa stupidité crève les yeux. Ainsi, la scène où Conrad von Orton débarque au milieu d’un moment tragique pour apprendre à son frère que tout l’acharnement psychologique dont il a été victime plusieurs jours durant (qui n’ont heureusement duré que deux heures pour le spectateur) n’était qu’une manière de lui fêter l’anniversaire le plus inoubliable de sa vie est digne de rester dans les annales du cinéma comme une scène des plus comiques – et des plus osées ! – jamais vues au cinéma. On pourra simplement regretter que le comique se fasse aux dépens du film… Le moins qu’on puisse dire est qu’il en fallait sacrément dans le pantalon pour oser se foutre aussi ouvertement de la gueule du spectateur ! Difficile de déterminer si sous-estimer ainsi l'intelligence de celui à qui s'adresse le film relève davantage du mépris ou de l'inconscience...
Et si ce jour d’anniversaire doit rester pour Nicholas von Orton comme le jour le plus inoubliable de sa vie, il restera pour moi comme un jour moins glorieux, mais qui n'en fera pas moins date dans l'histoire de mon parcours cinématographique : le jour le plus con…
PS : Pour ceux qui voudraient savoir exactement quelles incohérences et idioties je reproche au scénario du film, cette critique écrite par Plokijun résume à merveille tous ce que j'ai détesté :
http://www.senscritique.com/film/The_Game/critique/36821399