The Garden of sinners est une série de romans japonais de Kinoko Nasu et Takashi Takeuchi adaptée par le studio Ufotable en 9 films et deux OAV. Enquête criminelle 1,0 est le deuxième dont il est question, mais chaque roman et dérivé peut s’apprécier indépendamment.
Dans celui qui nous intéresse, le sujet est la rencontre entre Mikiya et Shiki. Mikiya est un étudiant japonais qui a le coeur sur la main. Quand il fait la connaissance de Shiki, froide et distante camarade, il ne peut s’empêcher de vouloir se rapprocher d’elle. Celle-ci accepte froidement sa compagnie et le prévient que c’est peine perdue de vouloir faire d’elle son amie. Parallèlement, des cadavres sont retrouvés dans les rues de la ville, ils ont été démembrés. Il semblerait que Shiki y soit mêlée, mais Mikiya va se convaincre du contraire.
Il y a dans ce film une beauté folle, un soin du détail qui entraîne le spectateur dans une atmosphère vénéneuse, à l’image de la beauté de Shiki. Une attention qui se retrouve autant dans la composition des plans, à l’image de l’angoissante forêt de bambous, à la verticalité mortifère, que d’effets particulièrement réussis. Comme cette courte scène, où le sang coule lentement à travers les rainures d’un sol de pierres, dans une étrange et mortelle ambiance. Les couleurs choisies sont chaudes et contrastées, pour un résultat bluffant, presque humide, moite. Tout cela est très bien mis en image, aidé par une animation de qualité, dans la réserve plutôt que dans l’excès.
C’est à l’image de ce duo de personnages et de l’ambiance du film, faussement apaisée, dans une tension larvée. Le film n’est guère bavard, il se délecte de ses non-dits, des zones sombres qui entourent la personnalité de Shiki. C’est elle le véritable centre d’intérêt du film, une beauté empoisonnée, dont les mystères vont se heurter aux bonnes intentions de Mikiya.
Le film est sombre et violent, d’une esthétique appliquée et envoûtante. Les thèmes qui y sont développés ne laisseront pas indemne ses personnages, ni le spectateur. La bande-son de Yuki Kaajiura est d’ailleurs un régal, composée de morceaux au piano et à la flûte pour les scènes les plus calmes, et de bruits stridents, électriques, pour ceux plus angoissants. L’édition française contient le CD de cette musique tour à tour mélancolique et agitée, un beau cadeau.
Avec un tel niveau de qualité, une ambiance si particulière, The Garden of Sinners 2 : Enquête criminelle 1.0 se dévore comme un rien en moins d’une heure. C’est de bon augure pour le reste de la série qu’il va falloir découvrir au plus vite.