Pas un grand cru, mais un bon whisky quand même

Ce qui est marrant avec les films de dealers/voyous londoniens de Guy Ritchie c’est qu’on à l’impression à la fois de voir la même chose et un truc différent. The Gentlemen est donc profondément familier, car il reprend les habituels thèmes, codes stylistiques et archétypes de personnages du réalisateur. Cela compense un peu le manque d’originalité, voir le film c’est un peu comme retrouver un bon ami, il a quelques nouvelles histoires mais globalement il est toujours le même.

Là où Guy Ritchie fait toujours autant preuve de génie, c’est dans le comique de situation, avec ces décalages loufoques entre une situation et son personnage central : le très flegmatique Charlie Hunnam, homme de main qui cache son vrai tempérament derrière son cardigan et ses petites lunettes rondes est l’un des ressorts de ce comique le plus réussi du film, que ce soit pour la sortie de sa mitraillette ou pour l’ouverture du congélo. L’autre acteur qui tire également bien son épingle du jeu, c’est Colin Farrell, qui malgré un rôle plus mineur, nous fait bien rire avec son rôle de protecteur en jogging à motif tartan. De toute façon j’adore Colin Farell dans les rôles comiques décalés depuis Bon baisers de Bruges, ça lui va très bien. Enfin, car je ne peux pas tous les citer, c’est un vrai plaisir de voir Hugh Grant dans une figure filou et désabusée plutôt inhabituelle, même s’il garde son côté séducteur.

Le film joue sur l’imbrication des histoires, Chalie Hunnam et Hugh Grant se racontant les derniers jours, révélations à la clef. Le procédé fonctionne malgré un rythme parfois inégal, mais il permet quand même de faire un double jeu de surprises et contre-révélations, donc réussi mais imparfait. En effet je trouve que la double narration en particulier au début alourdit le rythme du film. Plus le film se dégage de ce principe pour aller delà du simple récit d’événement, plus il gagne en force. Ce qui reste excellent du début à la fin c’est l’ensemble des acteurs, qui jouent un ballet à la perfection, chacun ayant son moment de gloire sans jamais éclipser les autres. On sent la volonté du réalisateur de ne pas poser Mickey (Matthew McConaughey) comme demi-urge au centre de tout.

On peut donc affirmer que sans être un chef d’œuvre, The Gentlemen marque le retour de Guy Ritchie aux films dynamiques et burlesques, et c’est plutôt une bonne nouvelle. The Gentlemen est à l’image de cette dégustation de whisky dans le film : terrain connu mais qui a pris de l’âge et est une bonne découverte, familier mais voluptueux, et avant tout, idéal pour se détendre.