Chantage à l'anglaise
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Depuis Rock'N'Rolla en 2008, Guy Ritchie a pris le chemin de plusieurs réalisations de blockbusters, produits de commandes de studios qui ont souvent réussi à étouffer l'âme du réalisateur britannique.
Si cette collaboration avait débutée sous les meilleures hospices avec ses deux Sherlock Holmes, le petit succès de ses Agents très spéciaux n'enlevait en rien la belle qualité du film. Tout dégringole cependant avec le projet pharaonique du Roi Arthur, pensé tout d'abord comme le point de départ pour six autres films, et l'énorme flop commercial et critique que l'on lui connaît (175 millions $ pour 148 millions $ rapportés...au box-office mondial).
Signant un Aladdin complètement désincarné, où l'on ne reconnaîtra le réalisateur qu'au détour de quelques poursuites citadines, le film a cependant dépassé le milliard de dollars.
Visiblement lavé de ces grosses productions, Guy Ritchie revient donc à ses premières amours ; Le film de gangsters. The Gentlemen est cependant plus qu'un retour à son genre de prédilection par son réalisateur ; Le film est une véritable reprise en main artistique par ce dernier, qui au détour d'un film beaucoup plus malin qu'il n'y paraît, adresse un gentil doigt d'honneur aux studios qui ont failli causer sa perte.
Guy Ritchie déploie dans la première partie de son film un ton de vieux sage plutôt agaçant et très maniéré dans une charge contre la jeunesse assez plate avant de reprendre possession de son récit pour un exercice de style plutôt ingénieux. Le réalisateur tire ainsi de cet affrontement entre britanniques, américains et chinois la bataille qu'il a dû mener contre les studios ; Accompagné du fidèle Charlie Hunnam (fidèle contre vents et marées après le tournage houleux du Roi Arthur), véritable fil rouge du récit, et d'un casting prestigieux, cette bataille pour qui voudra racheter l'âme du réalisateur (ici incarné par Matthew McConaugey) s'avère attachante dans tout ce qu'elle raconte sur le cinéma d'aujourd'hui.
De cette jeunesse obsédée par la reconnaissance immédiate, aux multiples autres concurrents américains et chinois, aux tabloïds (incarnés par un Hugh Grant jouissif) tentant de détrousser de son empire le baron Mickey Pearsons, Guy Ritchie répondra par la malice, l'intelligence et la victoire de l'amour. The Gentlemen est ainsi la victoire du style Ritchie sur ceux qui auraient bien voulu l'étouffer, et la reprise en main de sa carrière par un réalisateur victorieux, toujours debout, amoureux de son art et de sa muse, auquel il dédiera le film dans un des derniers plans.
Et de conclure, au détour de cette ballade enjouée et revancharde de The Jam que bien sûr, tout ceci n'est que du divertissement.
https://www.youtube.com/watch?v=8sDv6mg799k
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le 7 févr. 2020
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