Sherlock Holmes sous tranxène
Un nègre (Ewan McGregor) est engagé pour remplacer de manière impromptue l'assistant -qui vient d'être retrouvé mort- d'un ancien premier ministre anglais (incarné par Pierce Brosnan) et rédiger son autobiographie.
Le film, sortit en plein milieu de l'affaire Polanski, s'est vu décerné l'Ours d'Argent à Venise. C'est ce qu'on appelle du copinage à plein régime. Car The Ghost Writer (on comprends l'absence de traduction pour le titre : Le Nègre, ça aurait été moyen en communication) est clairement au mieux un film moyen et s'il on creuse un peu c'est en réalité une sombre bouse n'ayons pas peur des mots).
Commençons par le positif : les acteurs jouent bien, l'atmosphère campagnarde un peu glauque est très bien rendue, l'histoire est facile à suivre, plutôt bien racontée.
Donc il y a des vrais compliments à faire sur le film et c'est du coup compréhensible de se laisser berner en passant un moment pas désagréable (ce qui est déjà plutôt bien il faut l'avouer).
Le point pas crucial mais qui rend le film déjà plutôt antipathique c'est ce qui a trait aux poursuites judiciaires dont le Tony Blair du film est victime (et pour le coup réellement victime, vu qu'il est en grande partie innocent dans cette histoire). Le fait d'utiliser le film pour régler ses comptes avec la justice américaine ("ah ah vous reconnaissez pas le tribunal international" etc.) semble malvenu et ce n'est pas le fait que ça aurait du être plus discret (l'affaire ayant été relancée après le tournage du film) qui change quelque chose à cela.
Là où par contre le film devient vraiment mauvais c'est dans l'enquête qu'il propose. Je veux bien qu'on puisse avoir un enquêteur qui n'ayant rien demandé soit un peu ballot, mais y a des limites à la débilité quand même. Là, le ghost, est atteint de dégénérescence mentale, c'est la seule hypothèse possible.
Si on est un tant soit peu actif devant l'enquête, qu'on cherche à résoudre en même temps que le narrateur, on se retrouve à très vite avoir envie de jeter ses accoudoirs à la gueule de McGregor.
On passera sur le fait que le personnage négatif principal se grille dès le premier dialogue un peu significatif au bout d'une demi-heure (et que le comportement des scènes suivantes souligne au stabilo cet état de fait).
On passera le coup du dossier hyper méga compromettant caché sous les slips.
Mais là où ça commence à devenir méchamment moisi c'est la manière d'enquêter de l'ami Ewan.
Imaginez que vous ayez des indices menant à une conspiration au plus haut degré, avec des gens qui touchent de très près au gouvernement, et qu'il y a déjà eu des morts. C'est bon vous imaginez l'état de paranoïa ? Bon. Ewan lui il dit à tout le monde (non, non, je n'exagère pas : tout le monde) qu'il a trouvé des trucs super compromettants. Et quand on lui demande des détails ? il les donne.
Bon okay il est pas très très malin.
Mais quand il y a un indice qui apparait avec marqué indice dessus en lettres scintillantes et qu'on a envie de poursuivre l'enquête qu'est ce qu'on fait ? On va vers l'indice ! Non non, Ewan lui il prend un vélo pour aller discuter avec des petits vieux.
On fermera gentiment les yeux sur la scène où Ewan se fait mettre la misère par un GPS qui essaye désespérément de l'aider mais sans grand succès, le narrateur préférant aller déballer tout ce qu'il sait au plus gros suspect rencontré, pour se pencher sur la dernière scène où il se débrouille pour dire de manière confidentielle à l'assassin qu'il est le seul à être au courant de sa culpabilité avec du coup un final téléphoné. Bravo. Tu fais bien de lever ta coupette de champagne abruti.
1.5/10