La pièce manquante
Avec Polanski comme réalisateur, ce thriller politique ne pouvait que porter sa marque, et c'est vrai que le cinéaste tourmenté renoue avec ses obsessions. Ce ghost writer est bien cet écrivain...
Par
le 23 août 2011
60 j'aime
8
Un nègre littéraire a un mois pour écrire les mémoires de l'ex-premier ministre du Royaume Uni, se basant sur un manuscrit débuté par un autre écrivain qui s'est suicidé. Il est invité sur l'île où réside l'ex-premier ministre pour terminer ce travail alors qu'il est menacé par de violents troubles politiques. Notre pauvre Ghost Writer se retrouve donc sur une île à la météo aussi maussade que ses habitants, au milieu de politiciens énervés et de gardes du corps zélés, devant se faire tout petit.
Ce qui m'a frappé avec ce film, c'est la solitude de son personnage principal. Il a un mois pour synthétiser un pavé de 600 pages, dans sa piaule, sans personne avec qui se lier d'amitié. Le temps est très lourd dehors, les murs entièrement vitrés donnent un contraste entre l'intérieur douillet mais angoissant, et l'extérieur gris voire tempétueux qui incite à rester dans l'antre du lion. L'habitat où se trouve le manuscrit est extrêmement propre et lisse, dirigé par une secrétaire classe qui dégage une sensation curieusement envoûtante, entre la séduction discrète et l'autorité implicite qui impose un pacte de Faust (je crois que j'aime beaucoup Kim Cattrall). Tout cela donne l'impression d'un personnage coincé dans une cage dorée, où ses interactions avec ses collègues se limitent à des politesses creuses qui masquent mal le peu de considération qu'ils ont pour lui. Quand on associe ça avec le climat politique instable qui dépasse le héros, l'atmosphère pesante de l'île, l'ambiance sonore discrète au point d'en être étouffante et la vulnérabilité du Ghost Writer, on obtient une tension sourde dont la sobriété décuple l'impact.
Le film brille par ce sentiment de vulnérabilité, sa paranoïa parfois irraisonnée. Les dialogues m'ont captivé par cette sensation constante d'être sur la corde raide, par la séduction sous-jacente des deux femmes du film, par cette impression d'avoir un héros qui ne peut compter que sur lui même et qui doit assumer sa témérité. Ce film est l'inverse du film tapageur : tout est dans la retenue, ce qui le rend glaçant. Le scénario contient 1 ou 2 points qui ne m'ont guère convaincu, mais ce n'est pas ça qui va nuire à mon appréciation du film. Il était captivant et m'a mené de bout en bout jusqu'à un plan final de toute beauté. Mon très gros coup de cœur.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films et Les meilleurs films de 2010
Créée
le 27 avr. 2015
Critique lue 330 fois
7 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur The Ghost Writer
Avec Polanski comme réalisateur, ce thriller politique ne pouvait que porter sa marque, et c'est vrai que le cinéaste tourmenté renoue avec ses obsessions. Ce ghost writer est bien cet écrivain...
Par
le 23 août 2011
60 j'aime
8
Un écrivain, dont on ne connaîtra jamais le nom, est engagé par un ancien Premier Ministre pour rédiger ses mémoires. Projet qui peut paraître attirant, surtout sur le plan financier, mais qui...
Par
le 10 janv. 2014
54 j'aime
14
Tous les fornicateurs/libertins/échangistes/politiciens d’expérience vous le diront : « Une c’est bon, deux c’est meilleur ! ». Riche de ce sage enseignement, c'est une critique non pas sur un mais...
Par
le 6 oct. 2015
48 j'aime
6
Du même critique
Des mini-divulgâcheurs se sont glissés dans cette critique en se faisant passer pour des lignes normales. Mais ils sont petits, les plus tolérants pourront les supporter. Seven Sisters est l'exemple...
Par
le 2 sept. 2017
95 j'aime
9
Cette critique s'adresse à ceux qui ont vu le film, elle est tellement remplie de spoilers que même Neo ne pourrait pas les esquiver.On nous prévenait : le prochain Matrix ne devrait pas être pris...
Par
le 27 déc. 2021
73 j'aime
3
Vous qui avez suivi peut-être malgré vous le feuilleton du Snyder Cut, vous n'avez sans doute pas besoin que l'on vous rappelle le contexte mais impossible de ne pas en toucher deux mots. Une telle...
Par
le 19 mars 2021
63 j'aime
4