Ghost Writer est un film qui a priori ne va pas chercher sa qualité première dans les pages du roman duquel il s'inspire, L'Homme de l'ombre. L'intrigue est lâche, un peu grossière et parfois prend son spectateur pour un jambon.


Sérieusement, les services secrets britanniques ne voient rient pendant dix ans et, pouf, une recherche internet d'un écrivaillon suffit à démasquer un recruteur de la CIA ? On a vu plus subtil niveau intrigue dans un blockbuster de Michael Bay.


Oui mais Ghost Writer construit sa qualité - qui ne va pas prétendre au chef d'oeuvre mais décroche sans problème la timbale de l'ouvrage bien fait - dans tout ce qui est spécifiquement filmique. Déjà, Roman Polanski, armé d'une réalisation dont il a le secret, sait insuffler une atmosphère d'étrangeté lugubre et grinçante, que ce soit dans ses plans d'une lente instabilité (et miam les paysages de plages grisatres) ou ses scénettes absurdes en arrière plan (comme ce jardinier, tel un sisyphe bouffon, bataillant inlasssablement contre les fétus accrochés aux bourrasques). Une histoire sordide et un peu pataude, il la transforme en mystère sensitif maintenant le spectateur en haleine.


Ensuite, la musique d'Alexandre Desplat, emberlificoti de vents rythmé, en contre point merveilleusement marrié avec la lenteur suggestive des images, rehausse la sensation d'étrangeté qui habite le film.


Enfin, Ewan McGregor éclabousse la pellicule. Dans ce rôle de nègre à la plume alerte, il passe par tous les états pour construire un personnage auquel on ne peut que s'attacher. Tour à tour réfractaire au travail qui lui est confié (finir l'autobiographie de l'ancien premier ministre d'Angleterre, laissé en friche pour le précédent nègre, décédé dans des circonstances floue), attiré par le phénomène de cour, imbu ingénu, dépassé par ses découvertes et sa position constamment en porte à faux, il offre une palette de réactions et d'émotion sans répétition.


Ghost Writer est un film plaisant à regarder, qui ne prétend pas marquer son audience mais lui apporter une parenthèse de deux heures de bizarreté diffuse camouflée en thriller balourd.

Hypérion
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le 9 nov. 2015

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Hypérion

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