Dans la lignée de son excellent Not Quite Hollywood, le documentariste Mark Hartley offrait avec Electric Boogaloo un regard à la fois respectueux et amusé sur les heures de gloire de la célèbre société Cannon Films, fondée par les deux nababs Menahem Golam et Yoram Globus. Toujours à l'affut d'un bon coup, les duettistes décidèrent de torpiller ce documentaire officieux en participant à celui de Hilla Medalia, et de contrôler ainsi directement leur image et leurs propos.
Présenté à Cannes en 2014, soit quelques mois avant la sortie de Electric Boogaloo, The Go-Go Boys a donc le mérite de narrer l'incroyable histoire de la Cannon du point de vue de ses propres créateurs, le tout étant parsemé de précieuses images d'archives. Mais connaissant les deux larrons, cette qualité va vite se transformer en cadeau empoisonné.
Car s'il est toujours plus intéressant d'avoir la version des premiers intéressés, cela peut vite sombrer dans l'auto-congratulation, ce que n'évite malheureusement pas The Go-Go Boys. Ainsi, pendant près d'une heure et demie, les deux cousins et une poignée d'intervenants célèbres à l'intérêt tout relatif (Jon Voight doit avoir trois phrases, VanDamme, visiblement sous coke, nous sort éternellement la même anecdote...) vont tenter de nous faire croire que la Cannon aura donné naissance à un catalogue d'oeuvres immenses et de grande qualité, alors qu'il s'agit pour la plupart de bandes fauchées et totalement stupides, si l'ont excepte bien entendu l'association des deux producteurs avec des artistes de renom comme John Cassavetes ou Franco Zeffirelli.
Pas très bien rythmé et pauvre en anecdotes, The Go-Go Boys gagne pourtant en intérêt lorsqu'il se décide enfin à donner la parole aux proches du tandem, et surtout quand il laisse apparaître les zones d'ombres d'un empire construit comme le plus branlant des château de cartes. Des moments parfois gênants (ce passage où Golam gueule sur l'intervieweuse qui aura eu le malheur de lui demander de parler de ses échecs), parfois touchants, même si l'on regrettera encore une fois le côté trop calculé de l'entreprise, à l'image de retrouvailles peut-être sincères mais sentant bon le plan de communication.
Loin du recul et du rythme frénétique de Electric Boogaloo, The Go-Go Boys est un documentaire forcément décevant mais qui reste à voir pour le point de vue qu'il illustre et pour sa passion communicative pour le cinéma. Même si tout cela est quand même affaire de gros sous.