Esthétiquement sublime, limite oppressant.
On commence avec une scène où un auteur se présente et nous annonce qu'il va nous raconter une histoire. Dans cette histoire, l'écrivain interroge, dans un hôtel qui fût luxueux mais désormais quasiment vide, crade et assez repoussant, une des hôte, autrefois groom puis propriétaire de ce lieu. L'homme nous raconte lui aussi son histoire (on est donc dans un récit très indirect, doublement emboîté), romancée mais cruelle dans le fond.
Le choix du réalisateur est très judicieux; l'histoire dans ce contexte est donc beaucoup plus irréaliste et enjolivée. Cela donne d'ailleurs plus d'humour au film et la tristesse est largement diminuée.
L'histoire est simple, narrative, limite simpliste voir cliché. Seulement, Wes Anderson, réalisateur au génie extraordinaire, donne une touche d'humour et d'absurdité qui distingue ce film d'une comédie classique. En effet, des personnages simples, qu'ils soient très secondaires où pas, sont extrêmement travaillés, des scènes de film d'action sont rendues burlesque grâce à des détails minimes qui pimentent le tout.
L'esthétique du film est sublime. La seule chose qu'on puisse reprocher à ce film, c'est l'oppression qui peut être causée par cette volonté de perfection constante, qui ne m'a cependant causée aucun problème. Justement, cela rend le récit onirique, quasiment imaginaire. On attache une importance étonnante aux détails infimes montrés explicitement. Cela donne une cohérence absolue au film, malgré la simplicité du scénario. C'est bien le style Andersonien, opposant scénario et mise en scène, ce qui donne étonnamment un résultat juste, limite parfait.
On notera d'ailleurs excellente utilisation des zooms, rapides, dans le style de celui de Tarantino (encore lui?!) dans Django Unchained, donnant un côté burlesque au film. Les caméras sont maniées avec excellence, changeant de format par rapport à l'époque évoquée.
Quel casting de folie! Les acteurs jouent à la perfection (sauf les Français, on se demande bien pourquoi...), mélangeant sérieux et ironie. Par exemple, le personnage joué par Willem Dafoe, (très bien écrit et joué), malgré son caractère violent et sadique, reste toujours hilarant. Aussi le personnage principal, joué par Ralph Fiennes, est en même temps sérieux et peu crédible (dans le bon sens du terme).
Bien sur, The Grand Budapest Hotel n'est pas qu'une comédie, c'est aussi un film d'action, simple et efficace comme un James Bond.
Pour ce film jusqu'au-boutiste, mêlant sérieux et burlesque, film d'action au casting incroyable, je mets 17,5/20. Et oui, on peut le dire, c'est le chef-d'oeuvre de son réalisateur.