De manière irraisonné, probablement sans doute, certains films se partagent d’étranges similitudes. C’est le cas ici avec “ The grand Budapest Hôtel ” à qui l’on pourrait trouver une espèce de filiation avec l’un des chefs d’œuvre de Fellini : “ E la nave va ”. Tous deux sont des films de studio très soignés jusque dans le moindre détail, tous deux filent la même métaphore (à une guerre près) de la fin annoncée d’une société occidentale en déclin, tous deux reposent sur un mode burlesque… On pourrait continuer encore l’inventaire. Mais ce qui les rapproche le plus, c’est cet incroyable délectation qui vous saisit à vivre l’histoire, ici les pérégrinations de ce Monsieur George ! Ce film bigarré et joyeux est, de l’emballage au contenu, une « friandise », à l’image des pâtisseries Mendl.

Wes Anderson signe une œuvre intelligente, drôle et grand public. Il réussit là où il avait échoué avec “ The Darjeeling Limited ”, sorte de délire mystico-bobo brouillon qui distillait toutefois, quelques idées réjouissantes de mise en scène et d’écriture.

Dans « The grand Budapest Hôtel » tout est maîtrisé et se justifie cinématographiquement parlant. Par un choix de costumes (formidable Milena Canonero !) presque hors du temps, de décors “ arts nouveaux ” grandiloquents où s’agitent des personnages aussi clownesques que fantomatiques, Anderson installe en virtuose sa tragicomédie sur la grande scène du théâtre de l’Histoire. Avec Monsieur George l’illusion d’un monde révolu persiste… mais pour combien de temps encore ? Ce film, baroque et satirique, est délirant, captivant et passionnant !

Alors d’où viennent ces voix dissonantes qui font dire à beaucoup, les médias en fer de lance, que le film est moyen ou mauvais ? Ce sont les mêmes qui qualifiaient en son temps le film de Fellini de “ très beau, mais aussi très froid ”, ou s’interrogeaient à savoir “ d’où vient la relative déception devant le film ? ”. C’est sans doute parce que Wes Anderson ne se place pas là où on l’attend et il ne cesse de le prouver de film en film d’ailleurs. Mais d’aucun voudraient le contraindre à ne reproduire que des ersatz de “ Darjeeling limided ” ou autre “ La vie aquatique ”… C’est sans compter sur l’imaginaire débordant de ce réalisateur extrêmement doué auquel il offre de film en film, des écrins aussi personnels que somptueux comme c’est ici le cas.

Pour conclure, dans sa critique de “ E la nave va ” Robert Chazal écrivait, “ Fellini lui-même serait sans doute bien incapable d’entrer dans le détail des significations multiples de tel personnage, de telle scène. Mais le plus évident, c’est l’imagination du cinéaste. Il donne constamment la joie de voir des images d’une beauté et d’une originalité profondes. ” Trente ans après on peut les appliquer, mot pour mot, à “ The Grand Budapest Hôtel ”

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le 10 sept. 2014

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Fritz Langueur

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