The Grand Budapest Hotel par Gaby Aisthé
Laissons donc entrer un peu de poésie, de beauté et de courtoisie dans ce monde de brute. Tels sont les mots qui me viennent à l'esprit quelques instants après avoir regardé The Grand Budapest Hotel.
Ne connaissant ni l'histoire de ce film, ni son casting ou son genre, je m'approchais à l'aveuglette, toute prête à être surprise. Et les surprises, dans l'art, j'aime beaucoup.
Première surprise ? La mise en scène et la photo. Par moment, nous sommes presque transportés dans un univers onirique et la couleur est annoncé dès la première vu du Grand Budapest Hotel. Ce petit côté chamalow et barbe à papa n'est cependant pas là pour noyer le spectateur dans la mièvrerie, transformer le film en dessin animé ou autre. Non. Ces belles images qui me rappellent les couleurs et les sensations de l'enfance sont savamment dosées pour donner à l'histoire la petite touche de surréalisme qui convient aux personnages, et tout particulièrement à celui de M. Gustave. Car ne l'oublions pas, l'histoire que raconte l'écrivain est celle que lui raconte lui même le vieux Zero. Cette histoire est donc emprunte de la magie du souvenir, qui peut ternir ou embellir, révéler les angoisses ou poser de fins voiles de pudeur sur le passé.
De très jolies images donc, et une mise en scène presque parfaite.
Deuxième surprise ? Les personnages. Qu'il s'agisse de M. Gustave ou de son cher acolyte, tout deux sont plus en nuance qu'il n'y paraît. Gustave est il un simple coureur de vieux jupons qui ne voit dans ces vieilles femmes que leur potentielles fortunes ? On pourrait le croire vu la manière dont il parle d'elles et accoure pour voir la défunte - ou plutôt son testament. Ceci dit, on sent un réel attachement et une réelle tendresse dans son coeur. Il ne les choisit par par hasard et les aime d'une certaine manière. Le début du film brouille ainsi gentiment les postes et l'on se demande parfois s'il ne s'agit là que d'un gigolo ou d'un homme aux penchants sincères quoi que particuliers.
Et puis nous le découvrons honnête et fidèle. Loyal envers ceux qu'il estime (notamment son Lobby Boy), mais aussi loyal envers sa façon d'être et de vivre, de ses croyances, de ses responsabilités. Un homme n'hésitant pas à dire merde à des goujats, mais toujours respectueux des gens qu'il côtoie, même s'il sont bagnard, grand et balafré.
M. Gustave est un homme qui observe et réfléchit. Un homme instruit et raffiné, capable de se remettre en question et de prendre ses responsabilités.
Zero quant à lui, n'est pas le gentil petit Lobby Boy ignorant et soumis que l'on pourrait croire à première vu. Sa soof de connaissance, son désir de réussir en font certes le parfait petit valet, mais il n'en a pas moins son caractère et ses convictions. Pas touche à sa donzelle. Pas d'insulte sur ses origines. Et pas non plus de soumission aveugle à l'autorité.
Gustave et Zero partagent au fond beaucoup de choses et c'est ce qui les rend si proches et si touchants. Ils ne sont pas des héros, ne sont pas riches ou reconnus, mais ils tiennent à exceller dans leur travail, à être digne de leur tâche, à apprendre et à voir.
Troisième surprise, le casting. Forcément, lorsque l'on se lance dans un film avec son titre pour seul information, c'est toujours un délice de retrouver une ou plusieurs têtes famillière. Et là nous sommes servit ! Jude Law ouvre la marche, pour faire suite au talentueux Fiennes. Deux jolies têtes d'affiche, ce n'était cependant pas assez. On nous offre alors du Goldblum par là, et puis du Keitel par ci et encore un peu de Brody, sans oublier du charmant Norton ( je passe sur les autres, ceux là étant mes petits chouchous). C'est dans ces moment là que je regrette l'invention de la VF. Il ne me restera plus qu'a attendre la sortie DVD pour me régaler de la VO !
Quatrième et dernière surprise, le ton du film. Évidemment, lorsque l'on sait que le film est classé en comédie, cela n'en est pas une, mais pour l'ignorante que j'étais, et bien c'en était une, et puis c'est tout !
L'humour se glisse subrepticement tout au long de film. Dans les dialogues, les décalages entre les personnages et leurs propos (M. Gustave expliquant à Zero pourquoi il aime les vieilles femmes, c'est un régal !), mais aussi dans les situations (même si l'effet de répétition est légèrement désagréable entre la scène où le duo recherche Serge dans le monastère et la scène où il fait jouer ses relations de l'Ordre).
L'histoire superficielle est donc simple (fausse condamnation pour le meurtre d'une vieille femme, diffamations et magouilles de la famille de la défunte etc.), mais le film possède de nombreux atouts non négligeable. Ses personnages sont creusés et attachants, d'autant qu'ils sont interprétés par des acteurs plus que talentueux. Les images nous plonge dans l'univers semi réel semi imaginé de la mémoire, et les dialogues sont très bien écrit.
Au final donc, un très joli film qui à le mérite de nous laisser un peu rêveur et de nous raconter une belle histoire.