C’est qui ce Wes Anderson ? Tout le monde en parle comme de la dernière merveille du monde. Et dans ces cas là, il y a toujours un piège. Je m’attendais donc à un truc attrape gogo intello et tape-à-l’œil, et le début du film me donnait raison. Un casting doré à l’or fin, mauvais signe, des décors plus kitsch tu meurs, un hôtel peint en rose ! Gulp ! Au secours ! Des décors gigantesque en numérique mêlés à des maquettes qui ressemblent à des jouets d’enfants. Des dialogues pompeux et ampoulés, qui jurent avec le reste. Je me dis : « C’est franchement mal parti !». Et soudain, voilà que le film accélère, atteint son rythme de croisière, et entraîné, je me prends au jeu. La magie opère. C’est l’effet du vide comblé par des références qu’il nous envoie à la figure, avec une histoire sans queue ni tête, filmée avec une maîtrise affolante et une décontraction feinte. La mise en scène qui fait ressembler cet objet à une BD genre Tintin chez les soviets, enfonce le clou. C’est dépassé et c’est filmé comme tel, comme un voyage dans le cinéma d’antan, avec un second degré salvateur, et une verve rafraîchissante. Les dialogues sont tellement décalés, qu’à un moment on ne les écoute même plus, on se laisse bercer. Ils sont brodés dans de la dentelle, poétiques, recherchés, et parfois deviennent terre à terre, comme dans la chute d’une bonne blague. Le mélange est surréaliste, et c’est voulut. Les acteurs sont vraiment bons, d’où l’intérêt d’un bon casting, (qui à du lui coûter cher soit dit en passant). A un moment on frise l’overdose, le trop de courses- poursuites, de fausses intrigues, de détours, de trucs. Je dois avouer que j’ai un peu tiqué quand j’ai vu Harvey Keitel qui faisait un Picasso taulard. Là il frise le ridicule, mais bon, son style débridé demande ce genre d’excès.