J'aime les comédies musicales. Quand ça danse et que ça chante, il y a de grandes chances pour que ça me plaise. La BO moderne, la thématique de la poursuite des rêves, le monde du spectacle, l'Amérique des années 1870, sans oublier Hugh Jackman et Zac Efron, The Greatest Showman partait déjà presque gagnant. Il ne lui manquait plus que de finir de me convaincre par un scénario prenant et une réalisation aussi envoûtante que ce que Barnum promet à ses spectateurs.
Et pourtant, je suis sorti de la séance mitigée. Bien sûr, les musiques me restent en tête et mes voisins peuvent profiter à présent de mes talents de chanteuse (ou pas), mais tout le reste m'a laissée sur ma faim. La BO moderne ne trouve pas sa place dans cette réalisation trop soignée à mon goût. Montrer l'émerveillement qu'on peut ressentir face à un spectacle qui se veut nouveau et grandiose peut se faire en chargeant le champ de mille et un composant comme dans la séquence d'ouverture que j'ai particulièrement apprécié. Mais au bout de la troisième ou quatrième fois que cette technique est utilisée, on est plus perdu et lassé qu'émerveillé, en tout cas pour ma part. Evidemment, le film souffre de sa comparaison avec Moulin Rouge dans ce domaine, qui avait su lier modernité des musiques, shows immenses et réalisation que je qualifierais de baroque à la perfection.
Et le film souffre aussi inévitablement de sa comparaison avec La La Land. Un homme suit ses rêves quel qu’en soit le prix, la thématique est familière. A moins de la poussée réellement et d'en sortir une oeuvre motivante, poussant à ne jamais abandonner, ou un film cynique et acerbe sur la difficulté à percer dans un monde où la nouveauté n'a pas toujours sa place. Mais The Greatest Showman ne fait ni l'un ni l'autre. Plusieurs questions très intéressantes et pertinentes sont effleurées dans ce film sans qu'aucune ne soit jamais développée. On aborde ainsi le but de l'art et quelles devraient être les intentions d'un artiste, on esquisse le problème des freak shows qui sont ici idéalisés mais dont l'histoire retient surtout l'inhumanité. Et bien sûr, la place de la famille et de l'amour face à l'ambition et aux rêves. Des questions qui mériteraient qu'on s'y attarde mais qui ne sont que mentionnées.
Et les personnages pourraient eux aussi avoir quelque chose à raconter, une dualité entre soif d'argent et envie d'art chez P. T. Barnum, un désenchantement de la vie d'artiste et d'un mari qui délaisse sa famille pour Mme Barnum, une vraie renaissance pour le personnage de Zac Efron ou même l'histoire d'amour de ce dernier avec la trapéziste. Mais encore une fois, les éléments sont là sans qu'on en fasse grand chose. Pas de profondeur, pas de développement.
Mais au final, le film tourne autour de Barnum, un homme qui pensait que l'art le plus noble est de rendre les autres heureux. Et on sort du film avec un sourire. Le temps d'un film, j'ai apprécié le show qu'on m'a proposé. Je sens bien que ce sourire ne sera que passager et très vite oublié, mais comme à un spectacle du véritable Barnum où tout ou presque n'était que mensonge et tromperie, The Greatest Showman reste un joli moment qui, si vous vous laissez emporté, pourra peut être malgré tout vous enchanter.