C'est principalement la saveur old school qui contribue au buzz de ce Green inferno, jeune héritier de la bisserie italienne qu'Eli Roth a toujours cité dans ses goûts de cinéphile éclectique. Il décide donc de retourner braconner dans la jungle avec un petit coup de modernisation, en dopant le gore à l'ancienne avec un peu de numérique pour redonner une nouvelle jeunesse à ses cannibales. Car on n'y croit plus vraiment, aux cannibales. Depuis qu'on a les photos satellites, ces zones inexplorées de notre planète ont perdu leur charme, ou ont été oubliées. Il s'agissait donc de nous rappeller qu'il suffit d'un rien pour se retrouver dans un bourbier sanglant.


Le cadre est suffisamment modernisé pour faire illusion, empruntant beaucoup à Cannibal Ferox (le second sur l'autel des cannibales, Cannibal Holocaust restant l'intouchable de référence). Eli a donc remplacé l'étudiante en sociologie et les chercheurs d'or (qui à l'heure actuelle restent toujours une plaie en amazonie, empoisonnant les cours d'eau au mercure pour y récupérer les moindres traces d'or) par des militants écologistes mené par un leader complètement irresponsable. Le choix est à la fois caricatural et attachant, ces derniers étant assez variés au niveau des caractères (un peu gras, au niveau du registre d'humour auquel Eli nous a habitué), du manipulateur affilié aux ennemis de la forêt au fumeur de joint en passant par les anti racistes. L'orientation politique du groupe est manifeste, et le scénario prend un malin plaisir à les mettre à mal, parfois avec un gratuité qui se faisait rare sur les écrans (les mises à mort les plus spectaculaires n'ont pas forcément lieu sur les personnes les plus agaçantes). Il faudra toutefois attendre de voir le groupe en action pour que les tensions éclatent manifestement, et que le trip cannibale prenne alors son envol.


The green inferno a beau toujours rester un divertissement un peu craspec, il pêche par plusieurs scènes numériques un peu approximatives, et décevantes dans l'état actuel du film (aucune idée de l'éventuelle censure qui a eu lieu,ou si une version uncut est à prévoir). Des imperfections qui nous laissent toutefois profiter des sympathiques décors de village cannibale et la qualité du maquillage des figurants, qui viennent apporter de belles couleurs au film. Les rites sociaux restent assez énigmatiques, mais sont toutefois décrit avec une certaine minutie. Enfin, à quelques petites erreurs près (le rêve de la fin, la séquence de masturbation...), le déroulement redondant (l'évasion de chacun, incertaine) parvient à capter l'attention tout du long, jusqu'au dénouement qui ne réservera aucune surprise pour les amateurs du film d'Umberto Lenzi. Une petite récré, le charme vintage en prime ^^.

Voracinéphile
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le 17 oct. 2015

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