Si cette nouvelle adaptation très arty du poème de Gauvin et la légende du chevalier vert , apparaît comme une véritable rareté dans le paysage cinématographique actuel et l'imagerie de la dark fantasy en général , ainsi qu'un magnifique excercice de style dans la continuité des productions horrifiques des studios A24. IL trouve surtout un grand intérêt dans sa réinterprétation de la célèbre légende Arthurienne à travers les interrogations du cinéma de Lowery et un discours post moderne étrangement bien venu pour ce genre de récit initiatique ancestral .
Une vision très cinema indépendant, contemplative et suresthetisée, mais ou les interrogations sur la frontière entre le temps et l'espace identiques à celles de Ghost story ,trouvent ici une authentique justification sur la nature même des mythes et des légendes, en effet Lowery joue dès les premières minutes avec notre regard de spectateur et notre manière d'appréhender une histoire , notre suspension de crédulité et nos habitudes d'auditeurs . Il faut pour apprécier The Green knight accepter d'être dupé ,accepter de laisser le narrateur nous conter "son" histoire, permettre les circonvolutions du récit au détriment parfois de la logique ( que nous raconte cet incendie en second plan en début de film et dont l'intrigue semble complètement se désintéresser ? Une autre histoire ? Un souvenir lointain ? Un événement qu'on préfère oublier ?) Un récit annoncé comme héroïque qui promet la gloire et les chants semblables aux aventures d'un Conan le barbare assis sur son trône, mais dont il n'en sera rien, où plutôt les pérégrinations d'un chevalier impuissant, lâche et ejaculateur précoce qui doit affronter ses démons pour construire son propre mythe , punis pour son arrogance il devra parcourir un trajet symbolique et archétypal ou se croiseront voleurs de grand chemin ,des géants et un fantôme à la recherche de sa tête (dans une scène à l'épure très Bergmanienne) et ou chaque épreuves apparaissent comme autant de paliers psychanalytiques à enfouir au plus profond de son subconscient ou à combattre par décapitation ....
Le poème de Gauvin était surtout une fable sur la loyauté et la courtoisie , l'outil cinema va en produire un nouveau sens, un palimpseste sur la manipulation du récit par la puissance des images ,un mensonge perpétré par des hommes paralysés par la peur, l'appréhension, la mort ( le vieux roi ) et la crainte d'être oublié.