Ali Amir, plus qu'un numéro
Automne 2005.
Je me souviens de cette longue et ignoble souffrance lorsque j’ai achevé Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé. Frustrée, les larmes aux yeux, la tête en feu. Merde, ‘fallait attendre deux interminables années pour que ma cervelle s'arrête de cogiter.
Eh bien voilà où en est Ali Amir. En plus d’être condamné à Guantanamo Bay. Ce lieu immonde où les jours s’empilent sans distinction aucune. Où le futur des détenus n'existe plus. Où l'espoir n'y est plus. Le temps tourne en rond autant pour les détenus dans leur trois mètres carrés que pour les gardes durant leur ronde. Arrive alors Blondie, garde militaire échappée de son village pour tenter de faire quelque chose de sa vie.
Ces deux tourtereaux ne perdent pas de temps pour tisser des liens et créer une complicité rare.
Normal pour ce détenu instruit, recevoir une minime attention est extatique.
De même pour Blondie, perdue au milieu de ses confrères et sceptique sur son travail qui consiste à garder en vie des détenus, que la vie a pourtant quitté depuis longtemps.
Camp X-Ray soulève discrètement certains sujets, pour pointer du doigt, permettre une réflexion mais rarement pour dénoncer ou juger (de manière directe).
Peter Sattler reste juste et politiquement correct : pas de dérapages sur les djihadistes et leur coran, la vision des Etats-Unis ou les femmes militaires, sans pour autant enterrer ces problématiques. Son rendu est propre, esthétique.
Kristen Stewart et Peyman Moaadi portent parfaitement le film et nous laissent sans voix face au classique « amour impossible » dans sa plus sublime représentation.
On est scotché pendant deux heures. Si le film peut sembler lent à certains moments, qu'il donne envie de s'arracher les cheveux (les yeux et la peau), c'est pour mieux accentuer la redondance éprouvée par les gardes et leurs détenus.
Un premier long métrage réussi. On subit le générique de fin avec ce fameux goût amer et beaucoup de cogitation.