Oh Saul, merde ! Tu es un Doc de cinéma. Le meilleur. Un vrai écrivaillon plein de talent. Plein de fric. Plein d'humour. Et c'est tout. Mais aussi tu es malade. Alcoolique mais sobre. Menteur. Inconsciemment maladroit. Hypocrite. Cruel mais par bonté. Et j'en passe.
Ah non Karoo, tu es aussi vide à l'intérieur. Devant choisir constamment quel masque porter et quel personnage jouer. Ainsi, en plus d'être scénariste de profession, tu es acteur dans la vie quotidienne.
Tu es le fruit de la société tel qu’elle voudrait te voir. Et tu ne t’avises jamais de la décevoir.
Et dans ton for intérieur, tu n'as pas peur de te ridiculiser, de te faire baiser. Tu n'hésites pas à détruire des oeuvres d'art et tiens pardessus tout à rester libre, à rester sans assurance maladie. Et merde Saul ! Tu fous quoi ? « Pourquoi ? »
Cet Ulysse du futur, ce critique des temps modernes, ce gros imposteur n'est autre que le monstre principal de Steve Tesich.
Mais n'ayez pas peur de plonger dans la lecture de Karoo pour seule compagnie cet ignoble individu. Saul nous intrigue, finit par nous bercer, et parfois même nous attendrir. Ce fut une lecture sans répit, sans regret. Certes déçue par le changement de style à la fin, mais plus par l’idée d’abandonner le Je de Saul que par la cohérence de cette partie.
Et enfin, l’histoire s’achève et on est vidé. Fini. On repose le bouquin. Et on laisse le néant s’installer. Que le néant. Le néant. Néant.