Les individus à l'analyse profonde et percutante fanas de peine de mort vont probablement hurler à la vision de The Guard, film hautement humaniste envers ceux qui en toute logique ont été enfermés à Guantanamo pour justement leur atteinte à l'humain. Cole, soldat incarnée par Kirsten Stewart se retrouve comme dirait son N+2 avec toute l'empathie dont il est capable à faire partie des babysitters des présumés terroristes enfermés à Guantanamo. Point de gloire, point de médaille pour un travail sacrément ingrat où on peut s'en prendre plein la figure au sens propre, figuré et même au sens scatologique du terme.
Kirsten Stewart, dont on pourrait difficilement dire après ce rôle qu'elle est mauvaise actrice campe à la perfection une âme esseulée tiraillée entre son devoir à sa nation, ce que son sens critique lui fait voir et la rudesse des traitements infligés à une partie des prisonniers. Malgré l'interdiction faite d'échanger avec eux, Cole se laisse finalement attendrir par l'un des individus enfermés à l'endroit où sont compartimentés les cas difficiles (comme les poulets en batterie) jusqu'à une fin qui arrive crescendo avec un certain manque de réalisme, seul reproche que je ferai à ce film tant le reste paraît aussi juste.
On ne peut pas dire que ce film est totalement neutre. A travers Ali, le prisonnier qui passe son temps entre désespoir profond, dépression et petites lueurs d'espoir le message est d'une limpidité rare : peu importe ce qu'Ali a fait, s'il est innocent ou pas, ni le spectateur que nous sommes ni Cole ne sauront de quoi il en retourne. Peu importe ce qu'il a fait, son message est clair à travers l'une des répliques les plus fortes du film : "vous nous traitez comme des animaux ? Alors nous nous comporterons comme des animaux". Ali refuse les règles imposées à Guantanamo, alors que s'y plier lui permettrait d'être détenu dans des conditions beaucoup plus confortables. Pour son refus des règles, Ali est traîné de cellule en cellule toute les deux heures pour l'empêcher de dormir, pendant des jours. Ali est également forcé de se doucher devant Cole malgré sa pudeur. Toutes ces petites choses s'accumulent et font que Guantanamo a dépassé depuis longtemps le stade où la dignité humaine était encore respectée.
Cole et Ali sont deux êtres seuls dans un lieu à la violence psychologique inouïe. Loin de l'idéologie bicolore noire et blanche que l'Amérique peut avoir au sujet de ses prisonniers, The Guard constitue une sorte de plaidoyer pour l'humain à l'adresse d'un pays qui se considère encore et toujours comme le super gendarme du monde.