The Happy Prince nous emmène dans les errances d’Oscar Wilde dans les derniers jours de sa vie. On le retrouve à la sortie de son emprisonnement pour homosexualité transformant le spectateur en témoin privilégié des effets de cet emprisonnement sur sa psyché ainsi que des contentieux encore ouverts dans sa vie….
De par la sorte, le film nous expose la personnalité de Wilde mais aussi nous fait réfléchir directement ou indirectement sur plusieurs thèmes sociétales comme :
La place de l’homosexualité dans la société de cette époque
La crucifixion des idoles d’antan par le public
L’amour dans son ensemble (de l’inexplicable attrait que l’on peut avoir pour quelqu’un qui ne le mérite absolument pas)
La fidélité, la vraie (aussi pathétique puisse-t-elle être)
La différence de classe sociale (payer un larbin pour le baiser n’est pas un souci mais sodomiser un fils de bonne famille…)
Et le vent de la liberté…
Encore du champagne !
Le film nous dépeint un portrait sombre d’un homme ayant brillé sous les lumières nous mettant mal à l’aise par un univers baignant dans le malséant mais équilibrant le tout par des proses reflétant toujours un esprit et une distinction que l’on n’aperçoit pas souvent dans ses actes… Un labyrinthe dans lequel amour et manipulation se confondent au moment de faire le bilan. Un bilan entrecoupé de flashbacks d’une vie de génie qui semble si lointaine à présent. Wilde conte le chemin de sa rédemption à travers une histoire pour enfants reflétant ses regrets et ses éclats. Ses enfants tendent l'oreille, un amant bien trop jeune accompagné de son jeune frère vivant dans la pauvreté profonde tendent également l'oreille, un entourage restreint l'accompagnant au bout tendent l'oreille et pourtant... personne ne semble entendre cette histoire où une statue se déleste de ses richesses pour nourrir les pauvres l’entourant. Une histoire devenant de plus en plus ambiguë sur la découverte solitaire que seul l’amour et l’errance où elle nous mène méritent d’être priés.
The natural habitat of the hypocrites is England ! Go there and leave me in peace!
Rupert Everett dirige et joue un Oscar flamboyant tant dans ses élans de génie que dans une souffrance mal dissimulée et nous met en scène une partie de la vie d’Oscar Wilde largement évincé des livres d’histoire. Une histoire intéressante pour quelqu’un qui comme moi ne connait pas vraiment la biographie d’un des hommes dont les citations sont les plus utilisées à toutes les sauces possibles. Si la vision du réalisateur est plus un fantasme qu’autre chose sur la vie en exil de l’auteur, elle est néanmoins réaliste et poétiquement contée.
On regrettera de ne pas avoir plus de background sur les personnages entourant Oscar jusqu'à la fin car ceux-ci sont du coup mis en scène dans un rôle à une facette duquel ils ne peuvent pas se détacher servant plus d’outils narratifs à l’histoire que de sujets. On peut également déplorer une narration assez monotone ne donnant pas réellement de haut et de bas au récit.
Bref, un bon film d’une manière générale s’attardant sur une période plus obscure et surtout méconnue de la vie d’un grand génie. Malheureusement était-ce le plus intéressant à mettre en image ? Pas forcément mais cela permet d’explorer des thématiques moins consensuelles et de dénoncer la mise au pilori de nos modèles…