Porté par la hype et les comparaisons déjà toutes faites avec des réalisateurs reconnus (Tarantino pour ne pas le citer), The Harder They Fall est déjà annoncé par la presse US comme le "renouveau" de ce genre si noble qu’est le western. Malheureusement, ne serait-ce qu’en termes de gestion du rythme, de narration ou d’écriture, la comparaison fait très très mal au film de Jeymes Samuel. Bien trop long, découpé en mode automatique, ce premier long-métrage ne joue sur aucun crescendo, aucune élasticité, quand il s’agit d’apporter un peu de tension à ses passes d’armes verbales ou physiques. La gestion du temps et du tempo est absolument primordiale dans un western mais ici, ce n’est clairement pas la priorité du réalisateur.
Difficile aussi de s’attacher au parcours du personnage principal comme ça pouvait être le cas pour Django chez Tarantino par exemple. Jonathan Majors se fait voler la vedette par quasiment tout le monde, en plus d’utiliser ses flingues comme un manche. On dirait un pantin désarticulé, à tel point qu’on se demande comment il touche ses cibles. À côté Delroy Lindo passe pour un tireur d’élite. Le climax, qui se veut impressionnant et spectaculaire, en devient du coup presque ridicule.
Il y a certes quelques idées visuelles sympathiques (le fameux travelling à travers la ville, quelques plans aériens…) mais la réalisation aurait pu aller beaucoup plus loin à de nombreuses reprises, comme lors du combat entre Regina King et Zazie Beetz dans un décor rempli de bacs de peinture. Le réalisateur ne se sert à aucun moment de son décor, et le combat en lui-même ressemble plus à une sortie chez Primark un jour de soldes, qu’à un véritable affrontement chorégraphié.
On pourrait aussi citer le passage obligé du braquage de train, mais jamais cette séquence n’arrive à la cheville de la scène d’introduction du western dingo Le Bon, La Brute et Le Cinglé de Kim Jee-woon, pour prendre un film récent, tant il y a un monde d’écart en termes de style, de rythme et de mise en scène.
Heureusement Zazie Beetz, Idris Elba et Lakeith Stanfield sont assez charismatiques pour relever un peu le niveau, mais n’empêchent aucunement l’immense déception provoquée par un film qui n’a d’audace que son argument premier : mettre en avant les cowboys noirs du 19ème siècle, souvent oubliés ou mis au second plan par l’industrie cinématographique américaine.