« Mais tu sais son âme est belle, dans les rues de Londres... »
Chef d'oeuvre. Un Chef d'oeuvre qui arrive à mêler le parfait à l'émotion. Un Chef d'oeuvre qui s'ouvre sur une musique exceptionnelle et qui suivra les personnages jusqu'à la fin. Jusqu'à la fin de ce film d'une beauté sombre et presque difficile à observer tant elle est dure et désarmante. C'est ça, le cinéma. C'est quand son coeur se serre et qu'on assiste, les yeux conquis et humides, à l'avènement d'une histoire dont on se rappellera encore dans dix ans.
Le destin croisé de trois femmes dont l'écrivaine Virginia Woolf. Trois époques, trois avenirs brumeux qui se mélangent ensemble mais d'une manière différente. Elles sont perdues, au bord de la rupture, accompagnées mais pourtant si seules. Une réflexion taciturne sur l'amour entre les gens, la vie, la mort, le suicide aussi. Comment vivre avec le sentiment de ne pas faire partie de ce qui nous entoure ? Comment vivre en étant si fragile alors que les autres paraissent si forts ?
Un trio d'actrices absolument époustouflant qui chacune dans son registre amène à l'écran une fragilité déconcertante. Nicole Kidman, introvertie au possible, incarne parfaitement Virginia. Elle prouve, si c'était encore à prouver, qu'elle est une grande actrice, tout comme Julianne Moore, qui par son simple charisme nous attrape et ne nous lâche plus. Cette femme donne une profondeur à ses rôles et celui-ci en particulier qui force l'admiration. On lui donnerait tout. Puis, que dire de Meryl Streep, si ce n'est que c'est une des meilleures actrices au monde ? Elle le démontre encore une fois dans "The Hours" où elle tient le rôle d'une femme forte, reine de son quotidien mais tellement broyée et perdue à l'intérieur. Elle ne surjoue jamais, elle arrive à nous donner l'impression qu'elle ne joue pas. Sublimes interprétations. Ed Harris, quel acteur incroyable ! Et quelle scène, pourtant attendue, qui donne des frissons à n'en plus finir !
Stephen Daldry a le chic pour revenir toujours après deux-trois ans, à la sauce Daniel Day-Lewis, discrètement, et nous faire un film grandiose à chaque fois. Un réalisateur qui sait tordre et retordre les sentiments de son spectateur jusqu'à l'assaut final : les pleurs, qui sont ici inévitables tout au long du film.
Un grand moment.
(Avec le temps et en mettant un peu d'eau dans mon vin, j'ajoute peut-être un mini bémol à la prestation de Nicole Kidman qui certes arrive à comprendre et à incarner Virginia mais qui la caricature un peu parfois. Enfin, c'est trois fois rien. C'est peut-être le fait d'avoir une image déjà préconçue de l'écrivain, de sa personnalité et de ses mimiques qui me pousse à être moins réceptif, je n'en sais rien.)