The Hours, c'est particulier. Je peux voir et comprendre tout ce qui pourrait agacer dans ce film : une complaisance au drame plutôt morbide, une partition féministe sans doute trop tape à l'œil et le côté film « à oscars ». Mais voilà, je me suis retrouvée à vraiment aimer le film, bien plus que ce que je n'espérais.
D'abord, c'est une relecture d'un roman que j'aime beaucoup : Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Avoir lu et apprécié le livre de Woolf donne vraiment une épaisseur supplémentaire au film. Entre l'histoire de Woolf écrivant ce livre (son dernier avant son suicide), la lecture de celui-ci qui va bouleverser la vie d'une femme dans les années 50 et une femme vivant précisément la vie de Mrs Dalloway (« always giving parties to cover the silence »), tout le développement du film suit en fait non seulement le livre (les évènements du livre sont répercutés sur les différentes époques) mais aussi le processus d'écriture tel qu'on le voit à l'écran par l'intermédiaire du perso de Woolf (les interconnexions, les mises en abime et la relecture du bouquin pour moi c'est bien plus qu'un exercice de style, c'est vraiment brillant, même si le mérite appartient à Michael Cunningham et non pas au film de Daldry). Ensuite, une des thématiques générales : « La société tolère-t-elle de ne pas être heureux quand toutes les conventions sociétales dictent que l'on doit l'être » ? est traitée avec nuance et me touche assez, (même si là on touche à de la sensibilité personnelle). Enfin oui, c'est là un films à performances « oscarisables » mais quand elles sont vraiment convaincantes, pourquoi faire la fine bouche ? Je trouve que les acteurs sont tous justes dans ce film (certains regards de Julianne Moore sont bouleversants, Ed Harris est toujours aussi bon et Kidman dont je ne suis guère fan est ici impeccable). J'ajoute des dialogues bien écrits et la superbe musique de Philip Glass. Bref, au jeu du ca passe ou ca casse, c'est pour moi très bien passé.