Certains films se voient facilement catalogués d'expérimentaux pour deux-trois scènes un peu perchées, celui-ci par contre mérite tout à fait ce qualificatif.

Je suis content d'avoir pu le voir au ciné, en avant-première Shadowz avant la mise en ligne sur leur plateforme, et le mec de chez ESC nous expliquait qu'ils s'étaient heurté à des murs dans leur tentative de sortir le film en salle. Tu m'étonnes, vu le film. Même si je ne suis pas rentré dans le délire, dommage car pour le coup c'est un film qu'il est appréciable de voir en salle pour un max d'immersion, pour le savourer comme il se doit si l'on rentre dans le trip (à voir si au casque solo dans le noir fait aussi son effet).

Le concept, c'est de nous replonger dans notre petite enfance, au milieu de la nuit, en plein cauchemar. Mais ceci en essayant de nous faire vivre une expérience purement sensorielle. C'est filmé en très basse qualité si bien qu'une neige abondante parcourt en permanence l'écran. Et l'on se surprend parfois à y voir des ombres, des formes, des mouvements. Souvent à tort. Parfois se dessine réellement quelque chose. Et cette qualité se ressent également au niveau sonore. Les plans sont donc sombres, assommants, on n'y distingue pas toujours grand chose, et cela fait également partie de la note d'intention du film me semble-t-il. Afin de nous plonger dans ce cauchemar, en complément des éléments précédemment cité, la mise en scène cherche à nous perdre en permanence, à brouiller nos repères spatio-temporels, à nous plonger dans cette nuit vaporeuse et étrange. On ne fait jamais que distinguer les personnages, les décors. Un pied par ci, un mur par là. Tout est cadré étrangement. Des angles, des hauts de portes, des bas de canapés, des moquettes, des jouets en désordre, une tv. Des choses se déplacent, des ombres traversent, des pièces s'allongent, des éléments disparaissent. Des voix se font entendre, chuchotantes, inhumaines. Les propos sont laconiques. Il n'y a pas vraiment de fil conducteur, on se perd dans cette maison à peine esquissée, mais dans laquelle on réussi à identifier un escalier, un couloir, une chambre, un salon...

Et si l'on sait que l'on va assister à un film expérimental, on ne lui reprochera rien de tout ça, même si comme moi on a pas réussi à se plonger entièrement dans son ambiance (De temps à autres, quelques jumpscare, plutôt efficaces, viennent relever celle-ci). Bien qu'il m'ait évoqué des sensations ressenties plus petit (j'étais souvent sujet à des cauchemars de ce genre et je connais chaque dessin animé figurant dans le film, que j'aimais regarder tout en leur trouvant un côté inquiétant parfois), je n'ai jamais réussi à rester sur la durée dans l'ambiance. J'étais constamment éjecté, puis un élément me permettait de nouveau de m'y replonger... Ces aller-retours incessants entre mon côté spectateur et mon côté acteur du film m'ont plus épuisé qu'autre chose, et j'en suis ressorti avec une certaine frustration, et finalement pas mal d'ennui. Je n'ai par contre pas du tout aimé comment étaient mis en scène les disparitions d'éléments du décor comme les WC ni le son qui les accompagnait.

L'expérience reste singulière, je conseille donc à toute personne sensible à ce genre de propositions extrêmement expérimentales d'essayer de s'y plonger, de préférence seul, dans le noir, sur le plus grand écran possible pour une immersion maximale. Pourquoi pas avec un casque même (je réessaierai sûrement ainsi dans le futur). Beaucoup, comme moi, ne parviendront pas à s'immerger et à apprécier, mais peut-être que d'autres vivront une expérience sensorielle étrange et immersive. Et si tel est le cas, je suis un peu jaloux car j'aurais vraiment aimé la vivre ainsi.

Gruik
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le 27 juin 2023

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Gruik

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