Je dois dire que j'ai rarement ressenti un sentiment pareil, ou plutôt un tel mélange de sentiments, devant un film ! Alors oui, je sais que ce film, réalisé par Kyle Edward Ball et sorti récemment en France sur Shadowz a fait le buzz pour son côté un peu intello. Et je précise tout de suite que je ne fais pas l'éloge d'un cinéma intello ou même de l'elevated horror qui englobe beaucoup de très bons films mais dont je déteste le terme. Bref, je ne vais donc pas faire ici une apologie intello (ou peut-être un peu quand même) d'un film d'horreur qui abandonne tous les codes du film d'horreur dit de classique pour proposer quelque-chose de différent. D'ailleurs, j'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans le film ; durant la première demi-heure, je me disais "qu'est-ce que c'est que ce truc absurde qui prend ses spectateurs pour des débiles ?". Car, je préviens tout de suite, mais c'est un film dans lequel il ne se passe rien la majeure partie du temps, sorte de "Paranormal Activity" (d'ailleurs décrié à tort, je continuerai à défendre ce film corps et âme) poussé jusqu’au-boutiste. Nous suivons ici tout simplement "l'histoire" d'un jeune garçon et de sa sœur dans une maison habitée par une entité. Voilà, sur le papier, rien d'extraordinaire, c'est un film de maison hantée classique mais c'est de par sa mise en scène que le film marque le spectateur. Car c'est un film très atmosphérique ! En effet, nous avons par exemple énormément de plans sur des sols et des plafonds, des encadrements de portes avant que ces dernières ne disparaissent, sur des plafonniers, des veilleuses, des Lego, une télé allumée qui diffuse des dessins animés etc. Et je trouvais ça complètement absurde, je veux dire, ça va bien deux secondes de nous montrer ce genre de plans mais ça risque de devenir complètement lassant. Et une fois que nous sommes rentrés dans le film (si on y parvient car ce dernier est quand même très exigeant et je comprends que beaucoup de spectateurs n'y adhèrent pas), tous ces plans n'en deviennent pas lassants mais hypnotisant, comme si le film avait happé son spectateur dans un univers cauchemardesque que l'on vit réellement avec les enfants. Car oui, tous ces plans de sols et de plafonds nous mettent en réalité dans la peau d'un enfant de quatre ans, rendant le spectateur complètement vulnérable. D'ailleurs, lorsque la caméra n'est pas posée au sol, elle est en caméra subjective, nous ne voyons jamais les enfants (seul un plan montre Kevin de profil), ce qui participe énormément à l'ambiance générale du film. Ambiance également alimentée par un énorme travail autour du son, ce grain très prononcé et ce côté caméra amateur et puis surtout par les décors qui rappellent énormément les backrooms, mettant alors son spectateur constamment mal à l'aise. "The House (Skinamarink)" est un film complètement expérimental qu'il faut vivre pour le comprendre. C'est un film qui ne nous laisse jamais respirer et qui nous terrifie (j'ai rarement été autant sur les nerfs devant un film) avec des effets très simples mais terriblement efficaces.