Lars Von Trier aime le scandale. C'est même sa marque de fabrique.
7 ans après ses propos sur Hitler qui lui avaient valu un bannissement du festival de Cannes, qui l'avait déclaré Persona non grata, le voilà de retour sur la Croisette. En grande forme.
The House that Jack Built, présenté en Séance de Minuit Hors Compétition, est un énorme doigt d'honneur au festival (on y retrouve notamment des images de Melancolia, son dernier film présenté, suivies d'images d'Hitler). Une sélection qui semble bien hypocrite même si le film est privé de conférence de presse, pour minimiser les vagues.
Sur la Croisette, on aura entendu du film à peu près tous les adjectifs: "ignoble, abject, sadique, méchant, vomitif, répugnant, insoutenable, violent..."
Il faut dire que le propos du film scandalise: on y découvre en 5 "incidents" (= des meurtres) le portrait de Jack, Monsieur Sophistication, un tueur en série dénué de sentiments - un Meursault moderne - qui voit dans ses actes barbares une forme d'art. Barbare et violent, certaines scènes sont d'une cruauté insoutenable


notamment des scènes où Jack tire à bout portant sur des enfants, découpe le sein d'une de ses victimes, et en empaille une autre.


Preuve du masochisme tourmenté de son auteur, Lars Von Trier avait, lors de l'ovation pour son entrée en salle dans le Grand Théâtre Lumière de Cannes, un demi-sourire pervers et jouissif.
Pourtant, au delà du caractère scandaleux du film, on est attiré, comme magnetisé, par The House that Jack Built.

Matt Dillon est parfait en tueur fou, son jeu est réellement effrayant.
Par moment, le trop plein de violence laisse place au rire, un rire nerveux, désagréable ou expiatoire.
Une mise en scène superbe, les 5 chapitres forment une vraie progression dans cette descente aux enfers.
Un rythme haletant aussi, qui laisse le spectateur scotché, cramponné à son fauteuil.
Certains diront que ce n'est pas du divertissement. Il n'en reste pas moins que The House that Jack Built est un petit chef d'oeuvre, ignoble et scandaleux, dont l'expérience cinématographique ne laisse personne indifférent.
Un bel Hymne au Mal et à la cruauté du monde.

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le 18 mai 2018

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D. Styx

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