Lars Von Trier n'est pas assagi du tout et poussant encore plus loin ses théories sur le mal avec le portrait d'un tueur en série, et fier de l'être, dans le très méchant The House that Jack Built. Certains verront dans l'évocation de Jack et dans sa philosophie de la "pourriture noble" une sorte d'auto-portrait. Voire. En tant que cinéaste et démiurge, il a aussi la licence de donner à un personnage un mode de pensée qui peut certes se confondre avec la sienne mais aussi outrepasser les bornes comme le provocateur-né qu'il adore être. On soupçonnerait facilement Von Trier d'affoler le curseur jusqu'à l'abjection pour mieux se faire détester des uns et porter aux nues par les autres. Il faut donc se garder de confondre l'homme et le cinéaste et ne juger que le second faute de véritablement connaître le premier. Les 5 chapitres qui constituent The House that Jack Built (l'épilogue dantesque est à part) illustrent des monstruosités en série commentées par l'auteur en voix off, lestées de comparaisons avec des créations artistiques où la figure de Glenn Gould revient comme un mantra. On est alors partagé entre fascination et horreur, agacé par le ton professoral mais aussi diverti par les touches d'humour très noir. Il serait aisé de condamner le film pour abomination morale mais c'est justement le piège que Von Trier nous tend avec un rire sardonique. Pas question non plus de s'extasier comme devant une icône car si l'on peut admirer le savoir-faire du réalisateur et notamment sa science du montage, il ressort de tout cela l'impression d'une vaste fumisterie artistique. Mais ludique et cathartique, d'une certaine façon, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes de ce film (très) malade.

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le 4 juil. 2018

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