La simplette en déni de grossesse, le mari jouisseur et l'épouse bimbo pondeuse

Le pitch : Une jolie jeune femme introvertie, simplette et fraîchement veuve, est engagée comme servante (nurse et laveuse de culottes) par une très riche famille bourgeoise. Arrivée dans la luxueuse demeure de plusieurs centaines de mètres carrés (entretenue par magie par 2 uniques domestiques : elle et une vieille gouvernante revêche), la jeune femme va s'attacher à l'enfant de la maison (une petite fille hyper mature) mais aussi à son sort de domestique corvéable à merci par la jeune maîtresse de maison enceinte jusqu'au cou. Mais tout cela ne serait rien s'il ne rodait pas, non loin de là, le beau et ténébreux mari aux mains de pianiste...


Fichtre ce que les acteurs sont (presque) tous bons et que la réalisation est (presque) toujours classieuse. Mais autant de beauté ne peut faire oublier à un esprit chagrin comme le mien les raccourcis et les pesanteurs d'un scénario qui sert de prétexte à étirer de nombreuses scènes inutiles par un réalisateur amoureux de ses propres images (maladie répandue ces dernières années).


Et au milieu de cette esthétique creuse, seules les personnages de la gouvernante (ambivalente à souhait) et de la petite fille (aux dialogues ciselés) se détachent d'un tout par trop éthéré. Le mari, l'épouse, la belle mère et la servante restent des figures prototypiques auxquels l'écriture n'apporte ni assez d'étoffe ni assez de nuance pour les incarner en leur donnant pleinement vie. De plus, la quasi disparition du mari à mi-parcours ressemble trop bien à une facilité scénaristique qui permettra à la bande de hyènes femelles de tisser librement leur toile (fort maladroite) autour de la pauvre petite servante.


Se heurtant aux rétentions de son scénario laconique, le film n'est ni assez romanesque pour vous arracher quelques émotions consenties ni assez sombre pour vous faire frémir du sort réservé à son personnage principal (aux contours trop flous pour générer l'empathie). L'héroïne, dont on est tenu à distance par la caméra, n'éveille chez le spectateur pas plus d'intérêt que les méchantes bourgeoises (vilaines femmes vénales et calculatrices - dignes de figurer au casting d'un épisode de Dynastie ou Falcon Crest) qui tissent leur piège autour d'elle. Après un final improbable articulé autour d'un twist mélodramatique amené de manière maladroite, le film laisse une impression visuellement agréable mais narrativement mitigée.


Voici encore une oeuvre qu'on peut ajouter à la longue liste des films où les qualités esthétiques dominent malheureusement les qualités scénaristiques que devrait posséder à parts égales tout projet de cette envergure. Il en va donc de même pour les films que pour les hommes, il est très facile d'en trouver de très beaux sur la forme, un peu moins sur le fond et très rarement on en rencontre qui soient en équilibre sur les deux à la fois... ou presque !

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le 13 mai 2018

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