Esthétique et hermétique, mais prenant..

J'avoue une certaine et inconfortable indécision après avoir vu et revu ce film qui m'a cependant marqué.


J'en ai fait les sous-titres pour des amis et j'ai donc vu et revu chaque scène entre 5 et 10 fois (comme pour la version HouseMaid 1960). Ce n'est pas de trop !

Je suis donc réellement séduit par l'esthétisme du film, la qualité des éclairages, la performance de ces acteurs asiatiques qui vous font tout comprendre et tout ressentir à partir d'une expressivité minimale, parfois ambiguë, toujours subtile et pourtant si "parlante".


Je suis séduit par la description millimétrée des rapports humains entre les "Maîtres et Valets", largement exploitée au cinéma (cf The Servant de Losey) , décrite ici par un luxe de détails parfois secondaires mais qui construisent un tableau d'ensemble étouffant sous une apparence faussement anodine et hypocritement protocolaire.


Bref, c'est un film très bien maitrisé et beau à voir, déchirant à comprendre mais..

.. mais, et notamment par rapport à la version de 1960 (qu'il faut avoir vu auparavant pour comprendre par exemple, la référence au piano et à l'escalier), le scénario pêche aux deux extrémités : au début et à la fin. C'est beaucoup, quand même !


La longue séquence d'introduction n'est ni explicite à la première vision, ni explicitée par la suite (ou du moins je n'ai pas compris). Certains spectateurs pensent que c'est l'héroïne qui se suicide "avant", mais non, car elle est sur le scooter qui arrive sur les lieux, pilotée par son amie, corpulente échevelée, pleine de bon sens et d'affection, dans cet univers glacial.

Alors quel est le sens de cette longue introduction ? Je suis perplexe..


Quand à la dernière scène (qui renvoie comme un hommage à la version de 1960), tout d'abord elle n'est pas décryptable si le film est vu en VF, car en VO tout le film est en coréen sauf cette dernière scène qui est en anglais (sous-titrée en coréen). Or on a besoin de cet indice pour tenter de comprendre la fin du film. Donc en VF, cette différence linguistique est lissée par le version VF.. mais même en VO, il semble que la personne qui tient le tableau est l'héroïne, peut-être ?.. que cette dernière scène est quasi contemporaine de la scène "brûlante" précédente, car les jumeaux ont le même âge.. etc, etc.. que la mère chante avec la voix de Marylin Monroe à l'anniversaire de JF Kennedy..


Ce n'est plus un film, c'est une enquête policière ! Et c'est dommage.. car ce début indécryptable et cette fin étrange peuvent faire oublier à la fois l'esthétisme glacial du film, la performance des acteurs et la description parfaitement réussie de la dérangeante servitude domestique.


Un film à réserver aux esthètes et aux passionnés des rapports humains qui y trouveront en revanche, parfaitement leur compte.

Kiamb
7
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le 17 déc. 2024

Critique lue 2 fois

Kiamb

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