Toko, "ménagère" de moins de 35 ans, a tout pour être heureuse auprès de son mari et de sa petite fille, dans une maison douillette et sans crainte des lendemains. Sauf que, évidemment, à trop penser aux autres avant soi-même, le risque est grand de ne plus trouver de goût à l'existence. Yukiko Mishima traite son sujet, tiré d'un roman japonais, avec une grande subtilité et délicatesse, sans céder aux clichés éventuels : le mari est en effet attentionné et capable de comprendre le désir d'indépendance de son épouse, jusqu'à un certain point, toutefois, car la société patriarcale n'est pas encore un vestige du passé. The Housewife frôle le thème du triangle amoureux mais ce n'est pas le plus important, même si le personnage de l'amant, assez mystérieux, aurait peut-être mérité un développement plus important. Avec ses grandes qualités, le film pêche néanmoins sous l'aspect de la clarté avec un va et vient sur deux temporalités qui désoriente un peu et n'apporte rien à son efficacité dramatique. De ce point de vue, avec ce sujet d'une femme piégée dans un confort et une sécurité qui l'aliène, on peut imaginer ce qu'un réalisateur du calibre de Mikio Naruse aurait fait d'une telle histoire. C'est à dire un film limpide, resserré et d'une grande fluidité ce que The Housewife n'est pas vraiment, de par sa construction un tantinet alambiquée.