Tom Six est un type plutôt malin. C'est pas un con parce qu'avec le premier Human Centipede, il arrivait à faire d'une idée sordide et originale un film d'horreur aux ficelles traditionnelles plutôt efficaces. Le high-concept du centipede fait partie de ces quelques idées fortes et marquantes du cinéma qui en elles-mêmes promettent et justifient le succès d'un film ainsi que tout le buzz qui peut tournoyer autour de lui. En 2009 où tout a été fait et refait, c'est pas rien.
Six n'est pas un con, car même en usant d'une mise en abime peu originale pour le deuxième film, il a su prétexter une suite différente, plus intimiste, et surtout très (trop) radicale. Une provocation comme réponse directe aux réactions disproportionnées suscitées par le premier film (qui finalement n'était pas bien méchant).
Avec le troisième film, Six parvient à toucher quelque-chose de différent.
Le film démarre donc sur la perpetuation de la mise en abime instaurée par le film précédent avec un nouveau "niveau de réalité" qui s'ouvre devant nous. Un niveau de réalité qui, étant le dernier, se justifie de lui-même comme étant celui qui est canonique. Celui d'où les deux premiers films sont issus. Et ça change tout. Parce que... quelle réalité ! Celle d'un univers en carton-pate jaune pisse aux personnages cartoonesques où ne régissent aucunes lois élémentaires. Un foutoir qui parait comme en retrait de toutes conventions... comme hors du temps.
Avec THC3 ont a tout du nanard. C'est un doigt d'honneur au cinéma à la limite d'être considéré comme un film. Il n'y a pas de direction d'acteurs. C'est pas filmé. C'est pas écrit. C'est moche. C'est un centipede de défauts qui se chient perpétuellement dans la bouche.
Mais si THC3 a tout du navet, je ne crois pas qu'il en soit un car il n'est pas divertissant par sa nullité. THC3 est drôle, parce qu'il est drôle. Et régressif.
À chaque scène. C'est plein de caca, plein de zizi et plein de moustaches d'Hitler. C'est une ode à Dieter Laser qui est un fou magistrale, la muse de son réalisateur qui se libère complètement dans un baroud d'honneur sans état d'âme rempli d'injures racistes, de perversités malsaines et de grimaces avec la langue. THC3 est une orgie où tout le monde se lâche et où rien de cohérent ne parvient jamais à prendre racine. C'est la porte d'entrée dans un monde féérique où le gouverneur du Texas a la réflexion d'une Nadine Morano pompette au champagne, où les gros taulards tatoués latinos sont passifs quand ils se font émasculer au couteau et où les secrétaires actrices porno sécrètent jusqu'aux cuisses quand elles se lèvent de leurs chaises.
Les deux films précédents sont là pour témoigner et donner au moins un minimum de légitimité à Tom Six. C'est pas un génie, il n'est peut-être même pas talentueux, mais il connait les règles de base et il est très bien parvenu, seul, à produire, écrire et tourner des films plutôt corrects.
Mais alors, comment considérer ce troisième épisode ? Un étron présenté en galerie d'art moderne pour amuser la galerie et provoquer les quelques critiques qui vont participer au buzz et aller voir le film ? Je le pense.
La moyenne IMDB qui frôle le flop 100 me présageait un mauvais film que je pensais devoir endurer péniblement jusqu'à ses derniers instants, j'avais tort. Les vingt dernières minutes et son big centipede ultime plein de bruits de pets sont arrivées trop rapidement. 10/10. Moi aussi je participe à la vanne, Tom.