Il y a quelques années Tom Six créait le buzz avec son The Human Centipede. Buzz pas toujours vraiment justifié, car le cinéma nous a offert bien plus révulsant, mais la comm axée publique mainstream — celui peu habitué à ce genre d’aventures — avait suffi à en faire la bobine la plus extrême de tous les temps. Finalement il n’en était rien, en tout cas visuellement, Six ne nous montrant pas grand chose, l’essentiel étant hors champs, tout en réussissant à nous dégouter grâce à une habile mise en scène. Le second opus était en revanche un virage à 180 degré, allant toujours plus loin dans l’extrême (surtout en non-censuré), mélangé à un noir et blanc venant appuyer davantage le nauséabond et la pestilence.
Que reste-t’il de tout cela ? Pas grand chose. Tom Six nous avait promis un produit extrême, irrévérencieux, dissident, hélas il n’en est rien, et les cinq premières minutes suffisent à en donner la preuve. Tout n’est que répétition de longs passages où Dieter Laser cabotine dans un bureau qui pue l’artificiel, donnant l’impression qu’il a été composé par les panneaux de la pièce de théâtre de la kermesse de mon petit neveu. Dieter grogne, gesticule, danse, hurle des phrases de cinq mots en les faisant durer plusieurs secondes, nous sommes en plein n’importe quoi, dominé par un curieux mélange entre Michel Serrault dans La Cage aux Folles et Hitler. Si cela avait été drôle pourquoi pas, or ça ne l’est pas, ou alors peut-être seulement lorsque le personnage campé par Laser dit que Six fait de la merde, probablement le seul passage lucide qu’ait eu le réalisateur lors de l’écriture (bien que celui-ci fasse preuve d’un onanisme rarement atteint, au travers des yeux des autres personnages qui le voient tous comme un Dieu — heureusement qu’ils ne brisent pas le quatrième mur, se rendre compte ce dans quoi ils sont pouvant leur être fatal).
La seule chose réellement affreuse dans tout cela c’est que le mille-pattes tant attendu n’apparait que durant les dernières secondes, en plan large, et si vous voulez vraiment du gore, il faudra vous contenter du reste du film, où il n’y a qu’une castration et un visage ébouillanté, on a vu pire ! Les fans de Robert LaSardo, ici affreusement sous-exploité, auront aussi bien à faire que se rabattre sur Anarchy Parlor qui, bien que n’apportant rien de nouveau, a le mérite de ne pas mentir sur la marchandise !
The Human Centipede III n’est qu’un patchwork où l’absurde sert de cache-misère à la vacuité qui meut l’ensemble. Paresseux, l’écriture, la mise en scène et l’esthétique sont à la ramasse, et en matière de dissident et irrévérencieux Uwe Boll a déjà fait beaucoup plus fort avec ses Rampage et Postal, qui sont d’ailleurs tous deux bien plus gores. À éviter.
Critique