Oui, un peu de respect. Voilà ce que ce film me donne envie de crier et d'ailleurs je ne vais pas me gêner.
UN PEU DE RESPECT QUE DIABLE !
Car je suis au regret de vous l'annoncer monsieur Zobel, vous qui par je ne sais quel miracle avez donné votre nom à ces récompenses de renommée internationale décernées aux plus grands hommes, vous ne respectez rien ! Si Nelson Mandela était encore vivant, il n'aurait jamais accepté son prix, ce prix d'une paix, piétinée, bafouée par ce film outrancier.
Rien, vous ne respectez rien ni personne. R.I.E.N., à commencer par la vie elle même. Comment quelqu'un peut filmer de telles atrocités avec autant de détachement tout en m'obligeant à regarder des corps mutilés et des yeux agonisants qui ne susciteront en moi que de la légèreté et du rire ?
Comment pouvez-vous faire transpirer ainsi à l'image le mépris que ces chasseurs en mal de sensations fortes ont pour ces pauvres gens ? On ne sait rien de ces prédateurs fortunés mais leurs pièges, associés à leur détachement et à la radicalité des premiers instants suffisent pour étoffer le tableau d'une élite méprisante, dont vous vous moquez finalement autant que leurs cibles. Méprisant, voilà ce que vous êtes.
D'abord, vous méprisez ces pauvres gens, traités comme de la chair à saucisse, ne leur accordant même pas le droit de mourir dignement, et vous semblez prendre un malin plaisir à la surenchère, plaisir partagé par ce pauvre spectateur que vous avez pris en otage.
Tout n'est que sauvagerie et votre héroïne instable, visiblement affectée psychologiquement, ne va en rien arranger les choses puisque par ces choix, elle ne fera que conforter ce malaise satisfaisant visant à ne voir l'autre que comme un cadavre en sursis.
On aurait pu penser au début que vous preniez parti, que vous étiez de cette caste élitiste, de ce groupe dirigeant qui a réussi à tirer parti de cette société individualiste pour se placer au sommet de la pyramide capitaliste. Mais non. Même pas. Car vous ne les épargnez pas non plus à mesure que vous déroulez votre récit, faisant de leurs moindres échanges quelque chose de pompeux principalement basé sur quelques actions louables, comme s'il leur était possible de racheter à moindre coût leur humanité. Et quand finalement, vous donnez une raison à tout ce cirque morbide, vous finissez de tirer la corde de la stupidité jusqu'à la rupture, toute classe sociale confondues.
Vous ne respectez rien monsieur Zobel, vous êtes un nihiliste et votre film est dangereusement drôle. Oui, il est dangereusement drôle pour ce monde qui se prend bien trop au sérieux à tel point qu'il repousse plusieurs fois sa sortie. Car je vous l'avoue, tout en tentant de m'insurger, de me rallier à la polémique, sans lire entre les lignes, sans me demander si c'est du lard ou du cochon, je ne peux que me rendre à l'évidence, vous avez fait de cette chasse un divertissement furieux, appréciable et décomplexé où la lutte des classes est aussi jouissive que manichéenne.