Biopic correct (mais faiblard sur les bords) d'un mafieux atypique
Machine à tuer impitoyable et charismatique, poussant le vice jusqu'à être un bon père de famille et un mec doté d'un humour acerbe, Richard Kuklinski est un criminel bien particulier. Il avait déjà eu droit à son documentaire avec l'édifiant The Iceman Tapes: Confessions of a serial-killer, voici maintenant le film.
Porté par l'excellent Michael Shannon (Take Shelter, Boardwalk Empire), le film se révéle être un bon petit polar mais ne délivre pas toutes ses promesses. Le choix de romancer la vie de Kuklinski, de grossir le trait, est logique, on est au Cinéma, mais après un très bon début la narration hésite et s'embourbe peu à peu.
Bref, entre la légende et la vérité, je préfererais pour une fois imprimer la vérité, le doc est bien plus consistant et efficace.
Reste le principal, le portrait d'un bad guy saisissant, faisant la jonction entre le serial-killer et le tueur à gages, Michael Shannon est parfait, depuis le temps il maîtrise sur le bout des doigts son registre du mec prêt à péter les plombs à la moindre contrariété.
Si l'impossibilité de faire coexister vie professionnelle de mafieux et vie de famille est un enjeu passionnant et virtuose dans les films de mafieux, notamment les Scorsese, ici ça ne décolle pas vraiment, mais ça fait plaisir de revoir Wynona Ryder en épouse inquiète.
Les séquences avec les mafieux sont bien troussés, tendus et impitoyables, bénéficiant d'un bon casting de sales gueules, Ray Liotta en tête.
La fiction aurait pu être passionnante, mais dans tous les domaines on survole, c'est correct sans jamais déboucher sur quoi que ce soit de marquant. Manifestement, pour trouver de nos jours une histoire similaire mais cette fois vraiment aboutie et intime, faut chercher version série sur HBO, AMC ou FX. Pour le père de famille galérant à maintenir à bout de bras ses deux familles, celle du crime et celle du sang, y aura jamais mieux que chez les incontournables Soprano (putain James, rest in fucking peace).