C’est toujours le même problème avec ces films tirés d’histoires vraies. Ils ne respectent pas grand-chose, ils sont trop condensés, les personnages pas assez approfondis. C’est d’ailleurs le seul ouvrage que j’ai lu avant de regarder le film. D’habitude et maintenant j’en suis sûr, il faut faire le contraire. Ah ! remarque : j’ai lu les Seigneurs des Anneaux avant les films, et je n’en veux pas, mais alors pas du tout à Peter Jackson pour avoir fait abstraction des 50 000 lignes de description de la terre du milieu… Bref je m’égare.
Du coup, quand on a lu le livre (Je parle de « Iceman »), on s’en rend compte a quel point le film est vide. On passe à travers trop de choses, et on n’est pas assez impliqués dans la vie des protagonistes et on en arrive même à se demander si, Richard Kuklinski, était réellement un homme dangereux. Oui parce que finalement on oublie que c’est une histoire vraie, le travail sur les vies des personnages est tellement bâclé qu’on se retrouve devant un moyen film d’action, à en juger par les notes pas trop mauvaises.
J’ai mis un petit 4 parce que je félicite le travail de Michael Shannon, excellent jeu d’acteur avec une ressemblance dans les mimiques, la démarche, le physique. Dommage que les dialogues et le scénario ne suivent pas.
Bon pour ceux qui n’ont pas effleurés les nombreuses pages du bouquin. Richard Kuklinski était un grand malade. Battu par son père comme un sauvage, souvent humilié par ses camarades de classes, notre Iceman à développé ce qu’on appelle chez nous un fort syndrome de schizophrénie. Un très bon côté, gentleman, mari et père dévoué, adoré de son entourage. Et de l’autre un fou sanguinaire tuant sans pitié, torturant, exécutant sans relâche tous les contrats qu’on lui proposait. Il se disait lui-même fait pour ce genre de boulot. Tuer, c’était sa vie et il adorait ça. Il essayait des nouvelles techniques dans la ville de New York (son terrain de chasse) sur des passants.. . Le couteau était « parait-t-il » le moyen le plus efficace, propre et sans trop effusion de sang. J’essaie de vous transmettre à quel point ce mec était méticuleux, et pourquoi il travaillait pour les plus grandes familles mafieuses. Aucun des contrats présents dans le film n’est fait avec soin. Et c’est là mon premier reproche.
Kuklinski était un monstre, déjà par sa folie mais aussi physiquement. Les duels dans les bars tournaient toujours en sa faveur, et pour son arrestation, un policier avoua que 6 de ses compères pour lui passer les menottes n’avaient pas été suffisant. Voilà pourquoi je critique ce film, on parle du tueur à gages le plus dangereux que cette planète ait connu. Et dans ce film on le ressent à peine.
Un autre point agaçant, sa famille. Ils n’ont d’ailleurs pas parlé du troisième enfant, qui était un garçon et qui rendait fou de jalousie Richard. Ceci dit, à aucun moment je n’ai vu sa femme et ses deux filles terrorisés, alors que dans ces excès de folie, Richard cassait tout dans la maison et battait sa femme comme un malpropre. Un véritable enfer et prisonnier du monstre comme le précisait Déborah Kuklinski dans une interview. Elle maudit d’ailleurs encore ce jour ou elle la rencontré.
Concernant l’histoire, elle est modifiée pour faire un scénario qui tient la route. Donc je n’ai pas grand-chose à dire.
Je suis aussi très déçu par l’entourage de Richard Kuklinski. Quand je parle d’entourage, je parle des lieux et personnages qui faisait vivre le destin de l’Iceman. On ne rentre pas du tout dans l’ambiance assez glauque et violente que l'on ressent dans le livre..
Je pense que j’ai bien réussi à vous faire comprendre que Richard Kuklinski était un monstre qui n’avait peur de rien. D’ailleurs, une petite anecdote sympa. Pour faire disparaître certains contrats ou il était spécifié qu’il fallait que la personne souffre, Richard adorait ficeler son homme sur une chaise, le poser dans une caverne, et filmer le spectacle ravissant qu’offraient les rats venant dévorer petit à petit notre prisonnier. Il avoua regarder plusieurs fois ces vidéos.
Wow ! Mais oh, c’est quoi ce délire, mais ou dans le film on voit qu’il est fou comme ça ? Ou ?
Mais ceci m’amène à ma transition. J’ai eu un frisson quand j’ai lu ceci :
Journaliste : - Regrettez-vous tous ces meurtres que vous avouez ?
Richard : - Absolument pas et j’adore le surnom d’Iceman qu’on me donne
Journaliste : Vous êtes donc un homme froid qui n’a peur de rien ?
Richard : Vous savez, je serai un menteur si je vous disais ça. Deux hommes que j’ai croisés dans ma vie me faisait très peur parce que je croyais vraiment et réellement qu’il était encore plus fou que moi.
Journaliste : Qui donc ?
Richard : - Roy DeMeo et Robert Pronge
Ah nous y voilà, deux hommes qui ont effrayés notre Iceman. Impressionnant et effrayant. Voilà encore de quoi râler. Ils sont totalement transparents de vide intersidéral accumulé d’une couche de néant.
*Roy DeMeo joué par Ray Liotta. Pas forcément un mauvais choix d’acteur. Mais il est totalement sous exploité. C’était un hollandais qui bossait pour la Famille Gambino (La plus puissante de la Cosa Nostra) et n’était donc absolument pas en conflit avec eux comme le laisse à prouver le film. C’était de plus le chef d’une bande de tueurs en série la plus redoutée de tous les Etats-Unis. Ils agissaient dans le Gemini Lounge qu’on surnommait la maison de l’horreur pour le nombre incroyable de cadavres démembrés qui sont passés par l’arrière boutique. Dans le film, ils ne sont que deux tueurs, joué par des acteurs à qui on volés les âmes et j'ai remarqué que le Gemini ressemble à une auberge de jeunesse qui aurait sa place dans un film de Louis de Funès. Décevant.
*Robert « Softee » Pronge. Joué par Chris Evans, l’homme torche des 4 fantastiques ou bien Captain America comme vous voulez. Mais que Diable fait-il dans le rôle d’un psychopathe encore plus fou que Kuklinski ? Là aussi c’est dommage, il y avait du potentiel à tirer de ce dingue. Mrs Softee était le surnom de ce vétéran de guerre qui fit une brève collaboration avec l’Iceman. C’est d’ailleurs lui qui lui appris la technique de l’empoisonnement au cyanure et la congélation des corps pour tromper les médecins légistes sur l’heure et le jour du décès. Richard compris bien vite qu’il fallait l’éliminer le jugeant complètement fou.
La fin reste correct, son arrestation etc etc.
J’ai trouvé dommage aussi que l’inspecteur chargé de l’affaire Iceman ne fait pas partie du casting. Puisque il dit clairement que c’est l’une des affaires les plus dures de sa carrière étant donné la discrétion et le professionnalisme de Richard Kuklinski.
Bref, en résumé ce film est mauvais, je vous conseille donc de lire son bouquin qui lui est très prenant.