Un certaine incompréhension, voire honte légère, m'accompagne lorsque je pense avoir vu un chef d'oeuvre là où la grande majorité (mes proches, mes éclaireurs SC, les critiques) n'a vu qu'un médiocre film. Réitère ce sentiment, après Le Facteur Sonne Toujours deux Fois, que j'avais trouvé sublime mais dont la moyenne bancale et l'emballement tout relatif de mes compagnons m'avaient quelque peu refroidi. La honte encore, lorsque, bien conscient des défauts du film, je suis bercé par son charme. Car pour moi, au delà du grand classicisme de l'histoire (et encore, bien trop rares sont les films traitants en profondeur de cette époque et de ces milieux !) la photographie léchée, et magnifique du réalisateur New-Yorkais, l'interprétation toute en fébrilité d'une Marion Cotillard en état de grâce (que l'on oserait toucher sous peine de la casser), celle toute en ambiguïté du toujours très fort Joaquin Phoenix, les couleurs orangées, marrons, sépias des décors et des costumes, l'émouvante bande originale, et les enjeux constants, les rebondissements surprenants et la fausse lenteur de l'intrigue ont tout dépassé. Si bien, que j'assume toute honte pour finir par l'oublier, et prône fièrement mon affection immense pour ce film dont je ne comprends à présent plus les critiques négatives ; car on a bien affaire là à l'un des plus beaux films de l'année 2013 (voire plus) qui confirme le talent de James Gray, dont la carrière n'aura jamais été si éclatante.