Peut-on dire tel réalisateur tel film, tant The Irishman est à l’image de la bande de potes derrière lui, vieillissant dans le style. Et c’est dommage car l’âge n’empêche pas de faire de bons films, loin de là, mais force est de constater que Scorsese, laissé seul aux commandes et avec une totale carte blanche, produit un film nostalgique et frappé d’incontinence verbale, comme un grand-père qu’on arriverait pas à stopper dans son récit plombé par les digressions tellement on est poli.
Le rythme du film est pesant, balourd, tout dure trop longtemps, en particulier les dialogues qui tournent en rond et se répètent. Malgré la thématique, on ressent rarement de l’adrénaline dans les actions des personnages, tout est aplati par l’effet de récitation de souvenirs de papy De Niro. On en retrouve en rien l’efficacité et le rythme d’un Casino ou d’un Affranchis.
Scorsese utilise The Irishman et sa troupe fétiche d’acteurs comme un hommage aux monde de la mafia mais aussi à sa propre filmographie. Et si c’est bien filmé, bien joué, le résultat n’est pas convaincant, et d’un ennui profond par moments. Le réalisateur fait aussi des erreurs comme de vouloir trop en dire et décrire avec trop de précisions ce monde qu'il affectionne tant, ses choix musicaux décevant de sa part, ou le choix bien raté du rajeunissement numérique. Un De Niro rajeuni fait toujours 20 ans plus vieux que lui-même jeune ; et quand il frappe un gérant de magasin, on ressent dans ses mouvement son vrai âge, et non pas la fougue d’un soit-disant trentenaire. De Niro et Pacino en font des caisses et deviennent lassants. Je préfère la prestation de Joe Pesci, qui toute en retenue et charisme sage, offre des scènes reposantes par rapport à ses partenaires verbeux. On peut légitiment se demander pourquoi avoir forcé de garder les même acteurs sur une intrigue s'étalant sur 30 ou 40 ans et ne pas avoir combiné jeunes acteurs et anciens géants.
J’aurais souhaité aimer The Irishman, mais la vérité c’est que j’ai du me forcer à le regarder jusqu’au bout.