J'imagine que, pour tous les gens de ma génération (c'est à dire nés dans les années 80), la première réunion de De Niro, Pacino et Scorsese sans oublier Pesci sorti de sa retraite pour l'occasion, ç'eut été quelques tickets de cinéma garantis. Sauf qu'aujourd'hui, les 15/25 ans (qui reste la cible privilégiée des studios, à notre grand dam) rêvent plus de poursuites en voitures tunées avec un imbécile qui répète "Ma famille" toutes les dix secondes ou d'une série de 22 épisodes qui dure depuis plus de 10 ans pour voir enfin l'affrontement entre quelques vengeurs et un bonhomme tout violet (bon, je déconne, j'aime bien aussi Marvel, désolé Marty).
Mais bon, quand je pense cinéma, je pense forcément plus à The Irishman de Martin Scorsese qui retrouve sa thématique du gangster dans la digne lignée de Mean Streets, Les Affranchis et Casino, d'ailleurs, difficile de ne pas voir dans ce dernier sorti sur Netflix un chant du cygne particulièrement émouvant vu l'âge qu'ont aujourd'hui le réalisateur et ses comédiens principaux. Mais le film est surtout la passionnante représentation d'une époque et des liens formidablement intenses qui se sont créés entre le syndicat des travailleurs mené par Jimmy Hoffa avec la mafia, et ce, sur près de 3h30 de film.
Côté technique, Martin Scorsese livre une mise en scène plus posée que sur Le Loup de Wall Street mais qui correspond parfaitement avec l'ambiance mélancolique de l'histoire qu'il traite, bon par contre, sur les premières scènes, j'étais pas trop convaincu par les effets spéciaux de rajeunissement mais on l'oublie finalement assez rapidement vu la qualité du scénario et de l'interprétation des acteurs qui sont tous, mais tous formidables, en particulier Robert De Niro dans un rôle de tueur de la mafia très humain et hanté par son activité, Al Pacino qui interprète la détermination de Jimmy Hoffa avec une conviction qu'on ne lui avait pas connu depuis quelques années, et au-delà de ça, Joe Pesci qui livre LA prestation du film et qui aurait, selon moi, largement plus mérité l'Oscar du meilleur second rôle que Brad Pitt (bon, qui ressemblait à un hommage sur sa carrière et un lot de consolation pour Once upon a time in Hollywood).
Et il est également difficile de ne pas parler de la fin, où l'on voit les conséquences psychologiques du meurtre de Jimmy Hoffa sur les différents personnages avant, pendant et après celui-ci sur ce qui est peut-être une des demi-heures les plus bouleversantes de la carrière de Scorsese.
Bref, The Irishman, c'est 3h30 de pur cinéma, un film violent et humain, mélancolique et émouvant, porté par le talent de son metteur en scène et de son casting!!