Le film est d’une grande richesse car il aborde plusieurs thèmes à travers le destin exceptionnel d’un soldat allemand, Bert Trautmann (David KROSS),
fait prisonnier à Clèves (Allemagne) puis transféré dans un camp dans le Lancashire à St-Helens et qui devient l’un des plus fameux gardiens de but (d’où le titre anglais) de l’équipe de football Manchester City (l’autre club de la ville étant Manchester United). Il participe, en 1956, à la victoire, en finale contre Birmingham (3 à 1), de son équipe, malgré une fracture d’une vertèbre cervicale, après avoir heurté un joueur adverse.
Outre l’aspect biographique (surtout connu des amateurs de football anglais mais qui intéressera aussi les autres), le film décrit bien les années d’après-guerre avec le sentiment antigermanique qui règne au Royaume-Uni :
on reproche à Trautmann son passé militaire (sur les fronts de l’Est et de l’Ouest, avec l’obtention de la Croix de guerre), sans oublier ce qu’il représente : Margaret (Freya MAVOR), fille de l’épicier qui repéra ses talents sportifs dans le camp de prisonniers, lui reproche, ainsi qu’à son pays, de lui avoir gâché sa jeunesse et tué ses amis
. Le film traite avec finesse et émotion de la guerre (
bombardements en Angleterre, enrôlement de force de Trautmann
), de la culpabilité (
passivité de Bert pour empêcher des crimes sur le front de l’Est
), du pardon (
Margaret finira par épouser Bert, défense de Trautmann par un rabbin dans une lettre ouverte, lors de la signature de son contrat à Manchester
), de la résilience et du deuil (
des proches, morts à la guerre et du premier enfant du couple, John, tué à 5 ans par une voiture en 1956
). Margaret décède en 1980 et Bert en 2013 à 89 ans. Le film fait penser à « La fille de Ryan »(1970) de David Lean (1908-1991), certes d’un sujet différent, avec son lyrisme et la justesse des sentiments décrits.