Le film, qui débute le 19 février 2019, se déroule sur deux jours et suit Souleymane (Abou Sangare), livreur de repas à vélo et qui doit passer son entretien, décisif, de demande d’asile auprès de l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides) où il devra, notamment, raconter les raisons de sa fuite de Guinée. C’est un film choc, digne de Ken Loach, une fiction quasi documentaire sur l’économie de la flemme (clients et restaurateurs souvent odieux), doublée des difficultés administratives que rencontrent les étrangers demandeurs d’asile. Souleymane est filmé au plus près et sa vie est une course perpétuelle (pour livrer les repas, prendre le dernier bus qui l’emmènera à un logement provisoire en banlieue, trouver une place pour la nuit suivante, contacter son prête-nom de la plateforme de livraison, Emmanuel, un Camerounais, téléphoner à sa mère et sa fiancée qui s’impatiente en Guinée, etc.). Son entretien est bouleversant car, n’étant pas comédien, Abou Sangare, a puisé dans son propre parcours, douloureux, de migrant. La ville de Paris constitue aussi un personnage, assez violent (surtout pour les vélos). C’est le complément de « Moi, Capitaine » (2023) de Mateo Garrone qui racontait le périple de 2 adolescents sénégalais depuis leur pays jusqu’en Italie, en traversant la sinistre Lybie.