Je ne fondais pas d'attentes particulières vis à vis de ce film, n'étant pas un grand fan de Fincher, même s'il faut dire que je zieute avec attention chacune de ses oeuvres, et je dois avouer que celui-ci m'a beaucoup plu.
L'introduction nous plonge dans l'introspection tortueuse interne d'un tueur à gage, incarné avec brio par Fassbender, en mission. l'on comprend très vite que ce que ce tueur aime c'est avoir le contrôle, s'en tenir au plan et éloigner l'imprévu. C'en est presque religieux. La psychologie du personnage est plantée.
Mais l'imprévu, l'incident, l'inédit, déboule. Il n'est plus en sécurité, et la position privilégié de chasseur qu'il avait se transforme en position de chassé. Mais pas pour longtemps. il doit reprendre le contrôle.
Ce que beaucoup de personnes reprochent au film, de ce que j'ai pu lire ici même, c'est qu'il s'agirait d'un film de vengeance classique, intellectualisé pauvrement. Je suis loin d'être d'accord. il faut être aveugle (et sourd) pour penser que le personnage principale agit dans le seul but de se venger. Et là réside tout l'intérêt du film, de l'intrigue. Pourquoi fait-il ça ? il pourrait se barrer, commencer une nouvelle vie comme le dit si bien son employeur.
Il se répète à lui même pendant tout le film, comme pour se rassurer, parce qu'il s'agit de ça, qu'il y a un plan, que lui seul peut avoir le contrôle en respectant sa discipline, au fur et à mesure de sa folie meurtrière. Il veut juste récupérer l'illusion d'un contrôle, qu'il finira par conscientiser, et récupérer.
Au-delà de l'intrigue, la réalisation est propre, un peu trop propre à mon avis, ce qui fait l'ADN de Fincher, mais ça fonctionne bien parce que c'est très bien exécuté, comme d'hab. Le tout reste sobre, froid (à l'image du personnage de fassbender).
Fassbender est excellent, il retranscrit bien la froideur de son personnage, et nous embarque dans son introspection interne et externe.
Il ne s'agit pas du film de la décennie, mais je m'en souviendrai pour sûr. La froideur nihiliste du film est marquante. Sa subtilité, relative, est appréciée.
On regrettera de ne pas avoir eu de sortie en salle cependant.