Ce qui m'a frappé d'emblée dès le générique c'est que Finsher semble pleinement conscient qu'il réalise ici un produit aseptisé, cette impression étant d'ailleurs renforcée scènes après scènes par l'intermédiaire du personnage de Fassbender qui finira d'ailleurs par avouer lui-même que tout ça finalement "il n'en a rien à foutre".
En ce sens il ne s'agit pas de cinéma créatif ou d'une volonté d'innover mais bel et bien d'une forme assumée de foutage de gueule, non pas à l'attention du public d'ailleurs, mais plutôt envers Netflix, Amazon ou tout autre type de plateforme au rabais uniquement destinée à conditionner le public à la consommation et à la connerie.
Cette lecture des intentions de Finsher ne sera bien entendu pas partagée par ce même public conditionné par la presse numérique mensongère mais pour un cinéphile averti qui a grandi avec les meilleures œuvres du réalisateur force est de constater que ce dernier n'en fout ici pas une ramée.
Ainsi le générique à la Seven, le casting au rabais, la voix-off cynique bavarde et répétitive, les plans fixes sans ingéniosité, la quête vengeresse du tueur à gage envers ses employeurs, les cibles caricaturales à éliminer, les situations banales mêlées aux facilités scénaristiques, tout nous indique ici que Finsher se repose sur ses acquis et n'avait aucunement l'intention d'expérimenter quoi que ce soit.
En d'autres termes il ne s'agit pas d'une "œuvre" comme l'internaute de sens crétin se complait à vouloir l'affirmer, lorsque les aspirations commerciales paresseuses prennent le pas sur l'art et la créativité il s'agit d'un "produit", il est assez flagrant que le réalisateur ne met ici aucun cœur à l'ouvrage.
Toutefois et pour dire "du bien" (attention ils n'aiment pas trop la critique sur sens critique...) un produit facile estampillé Finsher sera quand même toujours infiniment supérieur à n'importe quelle daube Marvel ou autre commande confiée à un réalisateur de séries besogneux et je dois avouer que certains passages valent tout de même le coup d’œil, et notamment:
- Le 1er contrat avorté suite aux 10 minutes de voix-off où Face-bender se présente lui-même comme un grand maniaque de la précision avant de flinguer par inadvertance la nana qui se fout à poil devant la fenêtre (je me suis bien marré!).
- Cette fuite silencieuse à l'aube dans les rues de Paris en scooter électrique, particulièrement bien mise en scène.
Pour le reste cependant aucune scène n'est vraiment mémorable, vous aurez donc un combat dans une immense maison contre une sorte de brute qui ne ressemble à rien, l'inévitable discussion inutile dans un resto (sans aucune tension...) avant l'exécution de la cible, le type qui a des planques partout avec des tonnes de passeport et qui peut donc changer d'identité comme je changerais de paire de chaussettes, la scène finale dépourvue d'imagination opposant notre "tueur professionnel" au commanditaire de son assassinat bref, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
Pour conclure je n'ai pas vraiment de haine ou de mépris envers cette commande au rabais dans la mesure où j'ai su très vite à quoi m'attendre, Finsher n'essaye rien, il n'en a rien à faire et il l'annonce très rapidement au spectateur par l'intermédiaire de son personnage principal apathique et dénué de charisme. Merci Netflix pour cette niaiserie supplémentaire ajoutée à un catalogue qui en contient déjà tant.