The Killer
7.6
The Killer

Film de John Woo (1989)

'Faut pas raconter des cracks aux gens les gars !!!

Quand on lit les critiques de ce film, ah oui! on a envie d'y aller.

Moi aussi, j'ai eu super envie d'y aller : "du grand cinéma HK", "le film qui a révélé THE WOO", "le samourai de Melville version 2.0" autant d'élément de langages de jaquette VHS qui vous la mettent bien dur et vous ambiancent comme un petit rhum avant un coit.

Nan mais il faut rétablir un truc quand même pour la brebis égarée qui voudrait tenter l'aventure en 2024 : c'est un nanard votre truc ! (oui même avec les scènes de baston)

Tout est dit d'entrée de jeu avec la musique d'ambiance de restaurant viet', la même qu'on diffuse pendant qu'on vous sert le cocktail rouge de bienvenu pas bon avec du sucre sur les bords, un litchi et un parasol.

Y'a tout, toute la panoplie : les fondus enchainés à gogo, les bruitages de coups de poings tout nuls, le scénar' en mode les feux de l'amour version gangsta', la coupe de cheveux au Pento de Chow Yun Fat, tout ici respire aujourd'hui nanarland à des kilomètres.

Les scènes "d'émotions" sont tellement cheesy que même Michael Mann n'aurait pas osé certains de ces plan plan cul cul (et pourtant entre de Niro et la blonde dans Heat c'est déjà bien corsé niveau saxo de film érotique).

Pour planter le décor, on dirait qu'on est au Etats-Unis : les flics sont sapés comme dans un commissariat du NYPD, limite les mecs ils mangent des donuts avec leurs baguettes et les méchants sont des gangsters de la Cosa Nostra, chapeaux et costards larges sauf que ça parle mandarin et qu'on est à Hong Kong.(appropriation cultu...quoi?).

C'est tellement premier degré tout le long qu'on peut se demander si il faut pas prendre ça limite au troisième degré si tant est que j'ai saisi le second dans ce film (ah si Mickey et Dumbo, la bromance, merci! D'ailleurs on sent vraiment que c'est son thême ça, à "The Woo", les êtres humains sont complexes malgré leur côté manichéen à l'ancienne, on peut être méchant avec un côté gentil, on peut être gentil et être parfois méchant #volte face # le flic à la fin quand il t*** le mechant, ou alors on peut être gentil et méchant et kiffer la même meuf #mission impossible 2).

Alors ok, y'a de beaux plans, y'a beaux moments (la course de pirogues pendant la fête du Têt), de belles associations de couleurs chauds froid à la in the Mood for love et bon, on est quand même là pour ça, les scènes de tatanes, là, pas de problème, elles sont bien.

En fait, John Woo, on parle de lui pour les colombes et les ralentis (vous inquiétez pas toutes ces cases sont cochés, tatouées, scarifiées) mais en fait j'ai l'impression que John Woo, il a surtout inventé un truc très très stylé : les scènes de combats avec deux flingues.

Et là, c'est vrai que ça envoie quand Chow Yun Fat/Max Payne balance du double gun main droite,"plam plam" main gauche, "bang bang" et qu'il alterne tire à droite et tire en face, et surtout quand il glisse au sol en arrière tout en enchainant les tirs avec les deux flingues (repris tel quel dans Matrix 1, les pirates). On sent que les chorégraphies ont été pensées, orchestrées, les acteurs ont l'air de faire certaines cascades même si 'faut pas pousser, on est pas dans Drunken Master 2.

Le bouquet final est vraiment pas mal, des tonnes de figurants qui débarquent de partout ça dérouille sec, vazy balance le flingue ok je le récupère au vol, vazy on se met dos à dos et on dérouille tout le monde (ce truc a été mille fois pompé, je pense à l'horrible Mister et Mrs Smith mais il y'a sûrement mieux) et puis y'a un tueur méchant qui arrive à la fin tout droit débarqué d'un manga qui remonte d'un cran tout le swag du film avec ses pilotes et son gros bazooka.

Sinon, on se doute de la fin tragique mais pas tel quel, je pensais pas que ce serait si ridicule, si pathétique. Ce côté Romeo et Juliette aveugles qui n'arrivent pas à se trouver, c'est si drôle, si gênant que l'on peut se demander si au final ce n'est pas intentionnel. Je m'explique, peu de personnes peuvent prétendre se la racler autant que Chow Yun Fat dans ce film, on sent que John Woo veut le statufier, en faire une icone du cool, en quelque sorte le "cooler" dans du bronze. Lui qui est toujours stylé, magnifié sur chaque plan du début à la fin se trouve là ridicule, ne pouvant même pas sacrifier ses yeux pour sa zouze, ne pouvant même pas l'enlacer nanarement une dernière fois. Peut-être John Woo nous dit au lieu du message qui a première vu serait "je suis un Bad boy hyper classe mais mon coeur saigne" : "tout ceci, tout ce cool, tout ce "m'as tu vu?" n'est qu'un spectacle, une mascarade pathétique, tu y as cru hein pauvre tache à mon Scarface?!". A la toute fin, nous sommes tous moches comme mamie et il ne reste que de la poussière petit Simba.

Alors ok, si c'est ça le message, eh ben c'est déjà pas trop mal.

Stephen-Kink
6
Écrit par

Créée

le 14 mai 2024

Modifiée

le 14 mai 2024

Critique lue 40 fois

Stephen-Kink

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