On aimerait y croire, mais ce n'est pas possible. Car The Killer est saboté de toute part dès la première demi-heure. The Killer de 1989 était la quintessence du cinéma stylisé de Hong-Kong, The Killer 2024 est la quintessence du style français vu par Hollywood et, pire, Hong-Kong.
Tout y passe : les sempiternelles mêmes rues de Paris désespérément propres et vides, L'Ile de la cité, La Maison du Chocolat, le tailleur de prestige qui dit encore "Sacrebleu", le quartier de Passy, la Tour Eiffel, les combats chorégraphiés comme les premiers Besson, des cascades en bagnole sur des rond-points only, le Range Rover noir et la Renault Mégane des flics, les méchants en costumes trois pièces, le flic sidekick qui s'envoie une bière à l'hosto, la galerie d'art, la boîte de nuit, ce sempiternel appartement de Paris sous les toits avec jolie vue. Et pourquoi deux flics français e mettent subitement à se parler anglais?
Si The Killer de 1989 pouvait flirter à tout moment avec le ridicule, John Woo ne franchissait jamais la ligne. Et une simple posture, une simple chanson, un simple ralenti faisait automatiquement basculer le film au rang de grand moment de cinéma. Du pur romantisme à la saveur de plomb.
The Killer de 2024, c'est une superficialité de tous les instants, une inconsistance totale des personnages, une photographie hideuse, lisse et froide comme un bloc opératoire, une musique qu'on croirait sortir de Dix pour Cent, jamais rattrapé par une simple posture, une simple chanson, un simple ralenti qui pourrait faire basculer le film comme à l'époque. Décidément, ces films parisiens conçus et imaginés à l'étranger sont insupportables.