Anti Joker dans l'esprit, ici on part en balade dans un monde, réel, toujours aussi dur et violent, mais parsemé d'oasis de bonté. Car il y en a, et ici on va les redécouvrir comme autant de pépites bien enfouies, en chacun d’entre nous.
L’histoire d’une maman avec ses 2 garçons, fuyant un mari et père violent, avec presque rien sinon son amour pour ses gosses. Démunie, prise au piège, elle va connaitre l’outrage de la déchéance sans fard, devant ses enfants, qu’elle emmènera à la soupe populaire, à partager un peu de pain avec de vrais ‘homeless’… Puis la vie va faire qu’elle va croiser, dans sa fuite, dans son naufrage, quelques ‘strangers’, on s’en doute un peu.
Ce film sobre dénonce le biais de nos sociétés modernes qui considère les fuyards comme des délinquants, un monde qui laisse peu de place aux rêveurs imbéciles pas méchant, aux ex-taulards enfin sortis, aux infirmières qui sacrifient presque leur vie aux autres à s’en oublier elle même, aux groupes de paroles qui recyclent sans fin un mal être stérile. Un monde qui donnent trop de place aux apparences très respectables des uns et des autres, aux règles, aux procédures, « pour prendre une douche, il nous faut votre carte d’identité madame ». On en est là.
Mais dans tout se bazar inextricable, cette destinée menaçante, devant la noyade imminente, l’inconnu témoin jette une bouée à la mer sans autre question. La dureté implacable de la vie comme révélateur de la bonté cachée. Et cette aide précieuse s’avérera salvatrice autant pour ceux qui en profitent qu’à ceux qui la donnent. Et ça c’est une clé dans la vie. Une jolie clé, que ce film nous rappelle ici. Difficile de retenir une montée lacrymale à certains moments j’avoue, mais au delà de l'émotion, l'idée est plus que positive, c’est un énorme plaidoyer pour l’humanité, et ça fait du bien surtout si comme moi la violence vulgaire du quotidien vous assaille et vous donne parfois envie de tout planter.
Dernière scène, on devine que l’imbécile repêché va jouer de cette fameuse guitare russe, pour le plus grand plaisir, dissimulé évidemment, tout est dans la retenue, de son patron mi esthète mi désabusé de cet établissement so chic qui finalement retrouve un peu de sa vie, de sa raison d’être. J'adore ce closing, qui comme un bon café, va prolonger le plaisir encore un moment.
Le jeu des acteurs est époustouflant, le frenchie Tahar Rahim aussi, la musique juste, la mise en scène aussi. Accueil critique officiel mitigé, mais bon, depuis quand les critiques officielles y connaissent quelques choses hein ? Just joking, pas médisant moi, mais un poil déçu d’être un peu seul à y voir un très bon film. Je recommande, évidemment ;)